« La dollarisation » des espaces économiques et monétaires hors des Etats-Unis est-elle « le modèle » qui permet de comprendre la vraie nature des menaces des GAFAM vis-à-vis des systèmes bancaires et financiers nationaux ?
Les espaces économiques souverains menacés d’éclatement.
Selon Wikipédia : « La dollarisation est l'abandon, par un pays, de sa monnaie nationale, au profit du dollar américain ou d'une monnaie liée au dollar américain. Elle prend deux formes : la dollarisation intégrale quand le dollar remplace totalement la monnaie nationale ; la dollarisation partielle, le dollar maintient une parité fixe avec la monnaie nationale.».
Peut-on évoquer une forme de « dollarisation » des économies sous la pression des « GAFAM » ? A quel point ces très grandes entreprises ont-elles créé des écosystèmes, comme on le verra plus loin, caractérisée par la substitution de leurs unités d’échange, des monnaies qu’elles parviendraient à implanter à l’occasion des transactions de leur clientèle en biens et en services ? Les GAFAM, pourraient-elles, s’accordant entre elles, lancer une monnaie qui deviendrait la monnaie des opérations de détail utilisée par les particuliers, les TPE et les PME ?
Ce serait à proprement parler un « équivalent dollarisation » dans son principe : les GAFAM émettant et gérant une monnaie adaptée à leur façon de fonctionner et surtout adaptée aux écosystèmes qu’ils auraient fait émerger. Dans ce cadre, les GAFAM, profitant de leur fantastique capacité à mobiliser les données collectées sur leurs clients, représentant des volumes de consommation considérables provoqueraient une dislocation de l’espace économique et monétaire des Etats.
La conséquence serait directement que le pouvoir « monétaire » de ces derniers serait réduit, voire disparaîtrait.
Il n’est pas certain que les entreprises constituant le groupe des GAFAM aient un plan aussi définitif, coopérant les unes avec les autres pour constituer pareille force disruptive. Ce serait postuler qu’elles ont toutes les mêmes objectifs, qu’elles visent toutes l’usage de pouvoirs de nature souveraine et qu’elles s’entendent toutes pour se répartir le produit du seigneuriage et les différents aspects de valeur produites pour les banques traditionnelles.
La menace portée à l’encontre des espaces économiques passe par les paiements.
Il n’en demeure pas moins que, coordonné ou non, l’impact de ces gigantesques entreprises a d’ores et déjà des conséquences, sans objectifs politiques déclarés, sur le fonctionnement des banques traditionnelles.
Dans une tribune publiée dans « Les Echos » , Burkhard Balz, membre du directoire de la Bundesbank et Sylvie Goulard, sous-gouverneure de la Banque de France ont ainsi résumé les enjeux : « dépendre de prestataires non européens pourrait mettre en péril la souveraineté européenne ».
En 2020, près de 490 milliards d’euros ont été payés en cartes bancaires, or quand un citoyen de l’Union veut régler un achat dans un autre pays que celui dont il est le ressortissant, les paiements par carte se déroulent en usant des services d’entreprises américaines ! En cause, les systèmes d’acceptation Visa et Mastercard et le quasi-monopole de ces deux réseaux américains sur les opérations par carte en Europe. Porter le débat sur cette question revient donc à lancer celui la souveraineté monétaire dans les pays de l’Union Européenne. En réaction vis-à-vis du développement des paiements par carte, en ligne ou en contacts directs, plusieurs banques européennes ont lancé l’European Payments Initiative (EPI). Fortement soutenue par la BCE, l’EPI a pour objectif de créer un standard européen d’une portée large puisqu’il ne s’agirait rien moins que de rénover les paiements par carte, les virements, les transferts et les paiements instantanés.
Analyse plus mesurée du côté d’Oliwia Berdak, directrice de recherche sur les services financiers au cabinet Forrester : « D’ici à 2049, on devrait assister à une fragmentation de l’écosystème financier, où l’on n’est plus seulement client d’une banque mais d’une multitude d’offres bancaires. On aura son compte à un endroit, son épargne à un autre, son prêt chez un troisième acteur, etc. La carte de paiement deviendra alors un service offert dans les offres globales des titans, comme Amazon propose des séries télé avec ses livraisons Prime. Mais, derrière, il y aura toujours des banques pour s’occuper des transactions financières, des prêts, etc., parfois en marque blanche. ». Ces propos sont très précisément dans la ligne de nos observations exposées dans un article précédent où un animal étrange a été évoqué dans le monde des prestations de services bancaires et financières : la banque à l’état gazeux.
Ainsi la menace ne porterait plus seulement sur l’aspect purement macro-économique, c’est-à-dire la prise de contrôle d’une partie de l’espace monétaire d’états souverains, mais il porterait sur la dislocation des marchés qui constituent cet espace et des diverses fonctions et services que les acteurs traditionnels offrent à partir de structures unifiées.
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