Citations tirées de

"La promesse du pire"

ÉDITIONS DU SEUIL

Nous courons sans souci dans le précipice, après que nous avons mis quelque chose  devant nous pour nous empêcher de le voir. Blaise Pascal

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14. La crise : Comme la guerre, elle peut altérer les valeurs, dénaturer les lois. Sous son étau les mesures antisociales les plus contestées semblent d’évidence, nécessaires, urgentes, ou même désirables ; mises en œuvre comme allant de soi, elles répondent aux rêves les plus fous des ultralibéraux. Déjà, le chômage et autres calamités du même ordre prennent l’allure de dommages collatéraux inévitables, par-là insignifiants.

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15. « la Crise, la dette, la Crise de la Dette  obstruent tout  l’espace, servent de réplique à toute réaction. Le chômage ? Inévitable. Un dommage collatéral.

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173. Et si peu vérifiées quant au bien-fondé des sacrifices qu’elles exigent, cruels, voisins du châtiment – non celui des spéculateurs et néo financiers responsables, toujours plus opulents, mais celui des peuples dans leur ensemble, punis d’être trop onéreux

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18. On ne saurait nommer « économie » ces jeux cyniques disjoints du vivant, à l’écart du tangible, résolument improductifs et ne manœuvrant que de la vacuité.

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19 Assister au « capitalisme mis à mal par ses spéculateurs mêmes »

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20. Spéculer sans aucun fond sur des chimères : acheter ce qui n’existe pas (au mieux pas encore) avec des fonds que l’on n’a pas, créer à partir de là des contrats imaginaires et spéculer sur ces contrats inexistants

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21. On spécule sur du rien mais aussi sur tout : sur l’inflation, le chômage, sur la volatilité des marchés boursiers, sur la volatilité de leur volatilité comme sur le temps qu’il fera.

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23. Notation: ces « notations» qui font loi soudain, souveraines, délivrant d’indispensables certificats de conformité à l’ère spéculative, à ses oukases : « l’ai-je bien « austèrisé » ?)

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25. L’ultralibéralisme veut que seule sa propre logique puisse répondre aux dommages qu’il crée, et qui le définissent, d’où les replâtrages sans fin de fiascos sans fin récidivés.

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26. Certes, la «Crise existe, indéniable mais … elle n’est pas une crise (même si elle en crée). …Elle fait partie d’une avancée…. Loin de le perturber, elles participent de l’ordre établi, ou plutôt qui s’établit… ».

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27. Elles ne sont pas les symptômes d’un désordre temporaire, d’une dérive, mais les agents d’une installation – celle d’un d’une idéologie globalitaire au bénéfice desquels elles s’acharnent patiemment à ruiner les structures de ce qui figure leur obstacle majeur : la civilisation.

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28. S’agglutiner, piétiner autour d’elles, comme si elles figuraient le nœud du problème, voire le problème même, c’est laisser le champ libre au péril qu’elles masquent, lui d’urgence à juguler.

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29. Quel âge a notre temps où s’inscrivent en silence des ravages en regard desquels Attila ferait figure de touriste discret ?

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29. D’ où vient cette impression de nous débattre incrustés dans un état de fait inerte,…. de telle sorte qu’en supprimer, en déplacer la moindre pièce ou même en frôler le socle ferait tout s’effondrer – et nous sous les décombres ?

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30. L’anachronisme qui nous maintient persuadés de vivre encore à l’ère de l’économie de marché (quand ce n’est pas à celle de l’ère industrielle qui la précédait) alors qu’elle s’efface chaque jour davantage, submergée par le déferlement d’une spéculation vorace dont il n’est guère tenu compte, phénomène adjacent, presque anecdotique – tandis que s’instaure sous nos yeux l’ère du virtuel, c’est-à-dire de la spéculation.

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32. … vendre aujourd’hui les corps, les voix ? Il ne faut pas rêver. Ils ne sont plus rentables, on n’en a plus l’usage ou presque plus et de moins en moins.

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33.  La marchandise elle-même a changé de statut. Elle n’est plus l’objet, le sujet  de l’échange. L’échange en soi devient la marchandise de l’échange et non ses objets, mais ses propres fluctuations hallucinées, évanescentes, sa matière illusoire seront seules troquées, devenues l’étalon.

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33. A l’ère de la spéculation, la marchandise n’est de plus en plus qu’un produit «sous-jacent » l’un des prétextes à paris, l ‘un des jetons avec lesquels jouer…

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36. Comment ose-t-on nommer «plan social » un licenciement ? Comment cette expression a-t-elle pu devenir banale, d’un usage si machinal et courant ?