Plon éditeur
10. « Les normaux sont les seuls disposés à laisser les choses en l’Etat, écrivait Cioran dans Histoire et Utopie ; ils se bornent au présent et s’y installent sans regrets ni espérances.
20. Ces professionnels de la politique, agrippés à leur mandat, refusent enfin d’affronter l’opinion publique, d’aller au-devant d’elle. Ils la suivent et ne la devancent plus. Ils la flattent et ne l’orientent plus.
26. Ce sont les extrêmes qui ont prospéré. Le parti néonazi Aube dorée, dont l’étendard s’inspire de la croix gammée et dont les dirigeants pratiquent publiquement le salut nazi, a fait une entrée triomphale dans l’hémicycle à l’issue des législatives de 2012.
31. Autrement dit, une diminution de 1 % du PIB des dépenses publiques entraîne une baisse du PIS lui-même supérieure à 2 %. Concrètement, l’ajustement budgétaire de 6 à 7% réclamé à la Grèce sur une année a ainsi entraîné une baisse de plus de 15 % de son PIB. CQFD ! Non seulement l’Europe et le Fmi avaient oublié cette règle élémentaire, mais ils se sont en plus entêtés dans leur erreur, créant ainsi un cercle vicieux et une spirale récessive. Il est évident en effet que plus le PIB s’effondre, plus le taux d’endettement en pourcentage du PIB augmente.
35. le bilan des banques chypriotes représente 850 % du PIB du pays. Ce qui signifie que la taille des banques –le montant des risques pris par celles-ci – est 8,5 fois supérieure à la richesse du pays lui- même.
47. L’obsession de l’équilibre : Quand Heinrich Brüning forme son gouvernement, minoritaire au Reichstag, 3 millions d’Allemands sont sans emploi. Lorsque, un peu plus de deux ans plus tard, Hindenburg le démet de ses fonctions pour introniser Von Papen, l’Allemagne compte 6 millions de chômeurs. Deux fois plus ! Quelle politique a abouti à ce brillant résultat ? L’obsession de la pureté budgétaire. Pour relancer l’activité et se retrouver en position de force face aux autres nations européennes, I’ Allemagne de Brüning va mener une politique déflationniste et de retour à l’équilibre budgétaire.
48. C’est bien l’austérité budgétaire, et non l‘hyperinflation, qui a porté Hitler au pouvoir. Comme le souligne le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, l’Allemagne a la mémoire sélective. Angela Merkel, dès que l’on évoque la coordination des politiques économiques, répète encore et toujours son credo de l’équilibre budgétaire.
51. De l‘Argentine en 2001 à la Grèce en 2010, on a pu mesurer les risques d’instabilité sociale résultant des politiques d’austérité. Ce n’est bien sûr pas pour cette raison qu’il ne faut pas les mettre en œuvre. Mais parce qu’elles sont inopérantes et parce que l’expérience montre que d’autres politiques sont possibles.
53. La doctrine vacillante : Il n’y a plus seulement la réalité historique. Même la théorie qui justifiait l’austérité budgétaire s’est effondrée récemment…. La baisse des déficits donne à l’ économie un coup de frein bien supérieur à ce qu’ils pensaient L’effet récessif de l’austérité est plus proche de ce qui s’est produit dans les années 1930 que lors des crises des quarante dernières années, sur lesquelles le FMI s’était fondé pour calculer ce multiplicateur.
…
55. Les travaux corrigés montrent qu’une dette supérieure à 90 % du PIB se traduisait non pas par une récession de – 0,1 %, comme le prétendaient Reinhart et Rogoff, mais par une croissance de 2.2%.... Le tour de force réalisé par cette nouvelle pensée unique a consisté à faire de la rigueur une condition du retour à la croissance. Ce sophisme rappelle le mot d’ordre du néolibéralisme des années quatre-vingt : il n’y a pas d’alternative.
63. Nous vivons la fin d’un monde. La domination européenne s’achève. Elle s’était engagée au XVIe siècle et aura duré quatre siècles. Cette domination a reposé sur une course continue à l’innovation – militaire, technologique, financière …
65. La mondialisation, tout d’abord. Elle ne se confond pas avec la globalisation économique, qui n’en est qu’un élément, et pas le plus essentiel. C’est une erreur idéologique majeure de confondre les deux. La mondialisation est bien plus vaste. Elle concerne toutes les dimensions de l’activité humaine. Elle signifie que le monde est désormais fini, clos. II forme un tout, que nous pouvons appréhender dans son ensemble. Il n’y a plus d’inconnu.
66. Le nombre d’immigrés dans le monde, c’est-à-dire · de personnes vivant en dehors de leur pays d’origine, croît de manière exponentielle : 45 millions en 1965, 120 millions en 2000 et plus de 200 millions aujourd’hui… La mixité et le métissage progressent, symbole de la mondialisation.. Le tourisme, autre facteur d’échanges, explose : en quarante ans, Je nombre de touristes a été multiplié par treize, passant de 70 millions en 1960 à près de 900 millions aujourd’hui…... L’un des vecteurs a été le transport maritime, qui a lui -même été révolutionné dans les années soixante par l’apparition des conteneurs.
70. La croissance ne se décrète pas, elle ne s’attend pas. Elle se favorise, s’entretient, se provoque. L’incantation est vaine, la gesticulation inutile.
73. La France est même le pays le plus fermé en Europe et l’un des pays les plus fermés dans le monde après le Japon, avec un solde migratoire de 1,2 0/00 , à comparer à 3,4 0/00 en Allemagne ou 3,7 0/00 au Royaume-Uni.
75. La durée du travail, tout d’abord. Elle a, contrairement à une idée reçue, reculé à peu près partout, mars en France plus qu’ailleurs. Nul besoin d’épiloguer : si la durée du travail par tête baisse, la productivité du travail recule.
75. Le niveau de formation de la population, ensuite. Plus celle-ci est qualifiée, plus Ia productivité est grande. Or le nombre de non-qualifiés, avec un niveau de formation inférieur au second cycle du secondaire, est très important en Europe et plus important qu’ailleurs : il est par exemple trois fois plus élevé qu’aux Etats-Unis en pourcentage de la population active.
77. Dominique Strauss-Kahn, « incriminer la finance dans le désastre économique que nous vivons a la même pertinence qu’incriminer l’industrie automobile quand on parle des morts sur la route »
78. La France a non seulement fait le choix de l’impôt, mais aussi le choix des mauvais impôts. Les aides à l’épargne non risquée sont quatre fois supérieures à celles qui bénéficient aux placements risqués (investissement en fonds propres, plan d’épargne en actions) et qui permettent de constituer le capital vivant. L’imposition des entreprises françaises est la plus lourde d’Europe, représentant 36 % de leurs revenus, bien pt bien plus que la moyenne européenne à 23 %. Les PME sont plus taxées que les grandes entreprises, avec un taux effectif d’imposition de 39 % contre 19 % pour les secondes.
81. Il faut tordre le cou aux théories délirantes et réactionnaires prônant la décroissance. Elles émanent d’enfants gâtés et égoïstes, qui veulent refermer la porte de la prospérité derrière eux. Ce n’est que lorsqu’on a tout que l’on peut ne plus rien souhaiter avoir.
83. Les inégalités, jusqu’où : La part des revenus des 1 % les plus fortunés qui était en décroissance quasi continue depuis 1929 a recommencé à augmenter à partir des années quatre-vingt. Et le phénomène ne fait que s’accentuer depuis. Le modèle du winner take all..« le gagnant prend tout »), qui s’applique traditionnellement aux circuits neuronaux et plus récemment aux entreprises de nouvelles technologies, où les premiers arrivés dans la course prennent l’ensemble de la plus-value, concerne aussi les 0,1 % les plus aisés, qui raflent un pan très substantiel des fruits de la croissance.
84. La France ne fait pas exception. Entre 2008 et 2010, le revenu global des ménages s’est accru de 1,7 %. C’est peu, mais c’est surtout très inégalitaire. Les 10 % les plus pauvres ont vu leurs revenus, après impôts et prestations sociales, baisser de 1 % en moyenne.
86. – l’idéologie néolibérale qui a conquis les esprits au cours des trente dernières années, Selon ses préceptes, une faible imposition des plus riches les incite à investir et contribue donc à la croissance économique, tandis que la redistribution par I’impôt est absorbée par le poids de l’Etat et dirigée vers des utilisations moins productives que celles que le marché aurait pu lui trouver. La réalité a montré les limites de cette croyance, et jeté une lumière crue sur les dégâts sociaux qu’elle peut provoquer, en rendant les salariés peu qualifiés encore plus vulnérables.
96. Ce qui est en jeu est la maîtrise de notre avenir. L’influence d’un pays ne dépend plus d’abord de la puissance de sa flotte ou du nombre de ses chars, mais de la force de ses entreprises. La puissance des Etats-Unis repose aujourd’hui aussi, et peut-être d’abord, sur Google, Apple, Facebook, Coca-Cola., McDonald
96. La France a cette caractéristique unique au monde d’être un petit pays par sa superficie et sa population, sans ressources naturelles, mais d’avoir des entreprises qui occupent les tout premiers rangs mondiaux dans nombre de secteurs clés : le luxe avec L VMH et Kering, les services aux collectivités locales avec Veolia et Suez Environnement. Les cosmétiques avec L’Oréal, …..
97. Jamais le fromage de Roquefort, cher à José Bové, n’aurait été distribué et vendu dans le monde entier, en Chine comme au Brésil, si Carrefour n’avait pas été français. De même, la puissance de Danone a reposé historiquement sur les réseaux des grands distributeurs français et leur capacité à vendre partout ses produits en masse. Il est donc primordial d’aider les entreprises, de les soutenir, les accompagner, les protéger.
98. En France, le renoncement de l’Etat est à cet égard confondant. Il se manifesté de multiples façons. L’État ne mène plus de politique industrielle volontariste, comme actionnaire ou comme incubateur, visant à favoriser l’émergence de grandes entreprises dans des secteurs considérés comme clés.
103. L’Europe refuse ce pragmatisme. Frappée du syndrome de Stockholm, elle se voit imposer des normes directement inspirées de l’idéologie néo-libérale, qu’elle applique les yeux fermés et sans comprendre qu’elles sont des machines à affaiblir notre économie ; C’est vrai des normes comptables et bancaires, écrites par les Américains pour les Américains, et qui transposent leurs règles et leurs C’est vrai des normes commerciales, qui visent parfois à nous désarmer au moment même où Ia concurrence s’intensifie.
114. Dans ce monde éclaté, il appartient tout d’abord à l’Europe de s’organiser comme puissance. Si elle devient une grande Suisse, elle sera dépendante et appliquera les règles décidées par d’autres…
115. II est extravagant que les Français soient plus pessimistes sur I’ avenir de leur pays que les Afghans ou les Irakiens le sont pour l’avenir des leurs.
123. C’est ainsi, fait rarissime, que la loi sur le logement social a été censurée car adoptée selon une procédure contraire à la … Constitution ! Cet amateurisme apparaît dans tous les domaines.
128. Si le monde est un livre, beaucoup d’élus français n’en connaissent qu’une seule page !
132. La « normalité» a assez duré. Elle endort, asphyxie, paralyse. «L’état normal d’un homme est d’être un original», écrivait Tchekhov dans Oncle Vania.
141. La question n’est pas de savoir ce que nous laisserons à nos enfants, mais de nous interroger sur ce que nous avons fait, nous, de nos rêves d’enfants. «Il faut choisir : se reposer ou être libre» (Thucydide).
151. « Dans la paix comme dans la guerre, le dernier mot revient toujours à ceux qui ne se rendent jamais », comme nous l’a appris Clemenceau.
184. Dans ce grand désordre, les politiques ont une responsabilité particulière. L’arrivée de la gauche au pouvoir en juin 2012 m’a fait passer de l’enfance à l’âge adulte. Je croyais en la politique, je considérais qu’elle était engagement et courage, qu’il était possible par l’action de transformer les choses, de changer la vie. Ces espoirs se sont évanouis, la part de rêve a disparu. Dix ans d’attente, de combat, pour rien.
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