Martin Heidegger
L'origine de l'oeuvre d'Art.
première partie de
Holzwege.
" Chemins qui ne mènent nulle part"
Gallimard
"Holz lautet ein alter Name fûr Wald"
note du traducteur: qu'est-ce donc que le Holzweg? c'est la piste que laisse jusqu'à l'orée du bois , le bois que le bûcheron en raméne. Cette piste n'aboutit effectivement à rien , puisqu'elle s'arrête brusquement dans la forêt.
10 L’origine d’une chose, c’est la provenance de son essence…l’origine de l’œuvre d’art, c’est l’artiste ; l’origine de l’artiste c’est l’œuvre d’art. Aucun des deux n’est sans l’autre. Néanmoins aucun des deux ne porte l’autre séparément. L’artiste et l’œuvre ne sont en eux-mêmes et en leur réciprocité que par un tiers qui pourrait bien être primordial : à savoir ce d’où artiste et œuvre d’art tiennent leur nom : l’art.
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10 N’y a-t-il des œuvres et des artistes que dans la mesure où il y a l’art en tant que leur origine ?
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13 On expédie les œuvres comme le charbon de la Ruhr… les quatuors de Beethoven s’accumulent dans les réserves des maisons d’édition comme les pommes de terre dans la cave : toutes les œuvres sont des choses par un certain coté. ..il y a de la pierre dans le monument.
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16 La reprise des mots grecs dans la pensée romano-latine : …cette traduction des termes grecs en langue latine n’est nullement ce petit évènement inoffensif pour lequel on le prend encore de nos jours. Cette traduction…(est) un transfert de l’expérience grecque en un autre univers de pensée. La pensée romaine reprend les mots grecs, sans l’appréhension originale correspondant à ce qu’ils disent, sans la parole grecque. C’est avec cette traduction que s’ouvre, sous la pensée occidentale, le vide qui la prive de tout fondement..
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17 Est-ce que la structure de la proposition simple (enchaînement d’un sujet à un prédicat) est à l’image de la structure de la chose (union de la substance aux accidents) ? Ou bien une telle représentation de la chose n’est-elle pas plutôt conçue à partir de la structure de la phrase ?
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17 Ce qui nous parait naturel n’est vraisemblablement que l’habituel d’une longue habitude qui a oublié l’inhabituel dont il a jailli. Cet inhabituel a pourtant un jour surpris l’homme en étrangeté, et a engagé la pensée dans son premier étonnement.
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18 Pour entendre un bruit pur, nous devons détourner l’ouïe des choses, en retirer notre oreille, c’est à dire écouter abstraitement.
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19 La distinction matière et forme sert même et dans toute sa variété, de schéma conceptuel par excellence pour tourte théorie de l’art et toute esthétique.
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19 Forme et contenu, voilà bien des notions bonnes à tout, sous lesquelles on loge à peu près n‘importe quoi.
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26 Nous n’avons rien fait que nous mettre en présence du tableau de Van Gogh. C’est lui qui a parlé. Dans la proximité de l’œuvre, nous avons soudainement été ailleurs que là où nous avons coutume d’être.
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27 Qu’est-ce qui est là l’œuvre dans l’œuvre, la toile de van Gogh est l’ouverture de ce que le produit la parie de souliers de paysan, est en vérité. Cet étant fait apparition dans l’éclosion de son être.
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27 L’art est la mise en œuvre de la vérité, signifierait-il une renaissance de l’opinion heureusement dépassée selon laquelle l’art serait une imitation et une copie du réel ? Croyons-nous vraiment que le tableau de Van Gogh copie une paire donnée de souliers du paysan et que ce soit une œuvre parce qu’il y a réussi voulons –nous dire quel tableau a pris copie du réel et qu’il en a fait un produit de la production artistique ? Nullement. L’œuvre (est) reproduction de l’essence générale des choses.
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28 Ce qui dans l’œuvre est proprement à l’œuvre : l’ouverture de l’étant dans on être : l’avènement de la vérité.
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30 L’art est la mise en œuvre de la vérité.
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30 En somme, il est impossible de rien énoncer sur la choséité de l’œuvre, tant que l’immanence pure de l’œuvre ne s’est pas clairement manifestée.
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30 L’artiste reste, par rapport à l’œuvre, quelque chose d’indifférent, à peu près comme s’il était un passage pour la naissance de l’œuvre, qui s’anéantirait lui-même dans la création.
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32 Un bâtiment, un temple grec, n’est à l’image de rien. Il est là, simplement, debout dans la vallée rocheuse. Il renferme en s’entourant de la statue du Dieu, qui en tel enclos, peut s’ouvrir, à travers le portique, sur l’enceinte sacrée. Par le temple, le Dieu peut être présent dans le temple. Cette présence du Dieu est, en elle-même, le déploiement et la délimitation de l’enceinte en tant que sacrée. Le temple et son enceinte ne se perdent pas dans l’indéfini. C’est précisément l’œuvre-temple qui dispose et ramène autour d’elle l’unité des voies et des rapports, dans lequel naissance et mort, malheur et prospérité, victoire et défaite, endurance et ruine donnent à l’être humain la figure de sa destinée.
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33 …. La statue du Dieu… n’est pas une représentation du Dieu, destinée à Fixer les idées quant à l’aspect extérieur du Dieu. C’est une œuvre qui laisse advenir à la présence le Dieu lui-même, et qui est ainsi le Dieu lui-même.
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33 La tragédie est le lieu de la lutte entre anciens et nouveaux dieux. Quand l’œuvre de la parole s’instaure dans le dire d’un peuple, elle ne parle pas de cette lutte, mais transforme le dire du peuple de telle façon que, désormais, chaque parole essentielle mène elle-même cette lutte et décide du sacré et du profane, du grand et du petit, du hardi et du lâche, du nombre et du vil, du maître et de l’esclave.
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34 Etre-œuvre signifie : installer un monde.
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34 L’œuvre maintient ouvert l’ouvert du monde.
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36 … le poète use bien de mots, mais non pas comme ceux qui parlent ou écrivent communément et, ainsi, usent nécessairement les mots. Il en use de telle sorte que le mot devient et reste vraiment une parole.
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43 Un des modes dans lesquels la vérité se déploie, c’est l’être-œuvre de l’œuvre. Installant un monde et faisant venir la terre, l’œuvre est l’effectivité du combat où est conquise l’éclosion de l’étant dans la totalité, c’est-à-dire la vérité.
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43 La vérité advient en l’instance du temple. Ceci ne signifie pas que quelque chose soit ici représenté et rendu conforme à la réalité, mais bien que l’étant en son tout est amené à l’éclosion et maintenu en elle. Maintenir signifie garder.
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43 La lumière du paraître ordonnée en l’œuvre, c’est la beauté. La beauté est un mode de séjour de la vérité en tant qu’éclosion.
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46 En quoi, alors, la production en tant que création se différencie-t-elle de la production sous forme de fabrication ? Il est aussi difficile de suivre les deux modes de production dans leurs traits essentiels respectifs qu’il est facile de distinguer verbalement entre la création des œuvres et la fabrication des produits.
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49 La science…n’est pas un avènement inaugural de la vérité, mais toujours le développement et l’exploitation d’une région du vrai déjà ouverte, ce qui se fait en concevant et en fondant (sur le mode de la preuve) comme exact ce qui dans sa sphère, se montre comme tel d’une façon possible et nécessaire. Lorsqu’une science arrive à dépasser la justesse de l’exact pour percer à la vérité, c’est-à-dire pour arriver à un dévoilement essentiel de l’étant comme tel, elle est philosophie.
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51 L’être-fini du produit et l’être-créé de l’œuvre ont ceci de commun qu’ils dépendent tous deux d’une production. Cependant la création de l’œuvre a, par rapport à toute autre production, ceci de particulier qu’elle-même est créée dans la chose créée.
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55 Dürer « car, en vérité, l’art y est bien, dans la nature, et celui qui peut l’en arracher, il le tient ».
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56 L’essence de l’art, c’est la vérité se mettant en œuvre elle-même. …L’art est un devenir et un advenir de la vérité.
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57 L’efficience de l’œuvre n’a rien d’un effet. Elle réside, prenant origine de l’œuvre, en une commutation de la lumière de l’étant, ce qui veut dire de l’être.
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58 Là où aucune langue ne se déploie, comme dans l’être de la pierre, de la plante ou de l’animal, là il n’y a pas d’ouverture de l’étant et, par conséquent, pas d’ouverture du Non-étant et du vide.
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58 En tant que mise en œuvre de la vérité l’art est Poème.
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59 Une œuvre ne reste réelle en tant qu’œuvre que si nous nous démettons nous-mêmes de notre banalité ordinaire et entrons dans ce que l’œuvre a ouvert, pour ainsi amener notre essence à se tenir dans la vérité de l’étant.
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59 Ce qui est instauré par l’art ne peut donc jamais être contrebalancé ni compensé par le donné habituel et disponible : l’instauration est un don.
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63 Est-ce que l’art est une origine ou non ?
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63 Tout est expérience vécue. Mais peut-être l’expérience vécue est-elle bien l’élément au sein duquel l’art est en train de mourir. Il est vrai qu’il meut si lentement qu’il lui faut, pour mourir, quelques siècles.
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63 …. aussi le beau appartient-il à l’évènement de l’avènement à soi de la vérité.
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