DU CÔTÉ DE CHEZ SWANN
MARCEL PROUST
LE LIVRE DE POCHE Classiques
1. …un livre est le produit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices. Ce moi-là, si nous voulons essayer de le comprendre, c’est au fond de nous-même, en essayant de le recréer en nous, que nous pouvons y parvenir.
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15. Ce livre n’a pas été fait, il a été récolté.
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15. Je suis comme quelqu’un qui a une tapisserie trop grande pour les appartements actuels et qui a été obligé de la couper. »
82. Atteindre tout d’un coup à une sorte de puberté du chagrin, d’émancipation des larmes. J’aurais dû j’aurais dû être heureux : je ne l ’étais pas.
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89.Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois l’esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui : le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? pas seulement : créer. Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière.
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99. Mais je vous fais perdre votre temps, ma fille.
- Mais non, madame Octave, mon temps n’est pas si cher ; celui qui l’a fait ne nous l’a pas vendu. Je vas seulement voir si mon feu ne s’éteint pas. »
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101. à Combray, une personne « qu’on ne connaissait point était un être aussi peu croyable qu’un dieu de la mythologie…
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107. Entre les fleurs et la pierre noircie sur lesquelles s’appuyaient, si mes yeux ne percevaient d’intervalle, mon esprit réservait un abîme.
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114. Ma tante exigeait à la fois qu’on l’approuvât dans son régime, qu‘on la plaignît pour ses souffrances et qu’on la rassurât sur son avenir.
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114. Je ne demande pas à aller à cent ans », répondait tante qui préférait ne pas voir assigner à ses jours un terme précis.
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127. …Ce visage où ne se lit aucune commisération, aucun attendrissement devant la souffrance humaine, aucune crainte de la heurter, et qui est le visage sans douceur, le visage antipathique et sublime de la vraie bonté.
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134. « Voyez-vous, Françoise, disait le jardinier, la révolution vaudrait mieux, parce que quand on la déclare il n’y a que ceux qui veulent partir qui y vont »
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135. C’est sur un ton sarcastique qu’il m’avait demandé de l’appeler cher maître » et qu’il m’appelait lui-même ainsi. Mais réalité nous prenions un certain plaisir à ce jeu, étant encore rapprochés de l’âge où on croit qu’on crée ce qu’on nomme.
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161.Elle nous aimait, véritablement, elle aurait eu plaisir à nous pleurer…
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167. .. Les torrents de larmes qu’elle versait en lisant le journal sur les infortunes des inconnus se tarissaient vite si elle pouvait se représenter la personne qui en était l’objet d’une façon un peu précise.
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171. ...une prunelle énamourée dans un visage de glace.
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185. Tel brillait en souriant dans sa fraîche toilette rose, l’arbuste catholique et délicieux.
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194. Il se voyait avec sa fille dans le dernier bas-fond, et ses manières en avaient reçu depuis cette humilité, ce respect pour ceux qui se trouvaient dessus de lui et qu’il voyait d’en bas (eussent-ils été -dessous de lui jusque-là), cette tendance à chercher à remonter jusqu’ à eux, qui est une résultante mécanique de toutes les déchéances.
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197. …déjà pardonné par Dieu le Père qui faisait descendre vers lui, inégalement longues, comme les rayons d’un ostensoir d’autel, les tiges d’or effrangées de son soleil reparu.
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223. … Alors me rappelant ce regard qu’elle avait laissé s’arrêter sur moi, pendant la messe, bleu comme un rayon de soleil qui aurait traversé le vitrail de Gilbert le Mauvais, je crus que je lui plaisais, qu’elle penserait encore à moi quand elle aurait quitté l’église, qu’à cause de moi elle serait peut-être triste le soir à Guermantes.
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223. « Mais sans doute elle fait attention à moi. »
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237. Les Verdurin, qui ne s’effrayaient pas qu’une femme eût un amant pourvu qu’il l’eût chez eux, l’aimât en eux, et ne le leur préférât pas, disaient : « Eh bien ! amenez-le votre ami !
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239. …C’est par un rustre qu’un homme élégant craindra de voir son élégance méconnue.
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262. Car une œuvre de musique pure ne contenant aucun des rapports logiques dont l’altération dans le langage dénonce la folie, la folie reconnue dans une sonate lui paraissait quelque chose d’aussi mystérieux que la folie d’une chienne, la folie d’un cheval, qui pourtant s’observent en effet.
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270. « Ce serait bien agréable d’avoir ainsi une petite personne chez qui on pourrait trouver cette chose si rare, du bon thé. »
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279. Quant à lui, il avait couru Paris non parce qu’il croyait possible de la rejoindre, mais parce qu’il lui était trop cruel d’y renoncer.
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281. Elle fléchissait le cou comme on leur voit faire à toutes, dans les scènes païennes comme dans les tableaux religieux.
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284. Il lui demandait de jouer à la place la petite phrase de la sonate de Vinteuil, bien qu’Odette jouât fort mal, mais la vision la plus belle qui nous reste d’une œuvre est souvent celle qui s’éleva au-dessus des sons faux tirés par des doigts malhabiles, d’un piano désaccordé.
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297 … on dit une chose, non parce qu’elle est vraie, mais parce qu’on a plaisir à la dire et qu’on l’écoute dans sa propre voix comme si elle venait d’ailleurs que de nous-mêmes
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321. Peut-être, ce qu’il ressentait en ce moment de presque agréable, c’était autre chose aussi gue l’apaisement d’un doute et d’une douleur : un plaisir de l’intelligence.
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322. Que de bonheurs possibles dont on sacrifie ainsi la réalisation à l’impatience d’un plaisir immédiat.
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343. Il fatiguait la pensée de Swann, lequel, se passant la main sur les Yeux, s’écriait : « A la grâce de Dieu », comme ceux qui après s’être acharnés à étreindre le problème de la réalité du monde extérieur ou de l’immortalité de l’âme accordent la détente d’un acte de foi à leur cerveau lassé.
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348. Et d’ailleurs elle n’a pas paru plus ravie que cela, elle n’a encore dit, ni oui ni non : espérons qu’elle refusera, grand Dieu ! Entendre du Wagner pendant quinze jours avec elle qui s’en soucie comme un poisson d’une pomme, ce serai gai !»
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353. Comme tous ceux qui possèdent une chose, pour savoir ce qui arriverait s’il cessait un moment de la posséder il avait ôté cette chose de son esprit en y laissant tout le reste dans le même état que quand elle était là. Or l’absence d’une chose, ce n’est pas que cela, ce n’est pas un simple manque partiel, c’est un bouleversement de tout le reste, c’est un état nouveau qu’on ne peut prévoir dans l’ancien.
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356. Comme on dit en chirurgie, son amour n’était plus opérable.
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377. Ce n’est pas qu’elle ne fût par nature courtaude, hommasse et boulotte ; mais les camouflets l’avaient redressée comme ces arbres qui, nés dans une mauvaise position au bord d’un précipice, sont forcés de croître en arrière pour garder leur équilibre.
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382. Je sais qu’il est converti, et même déjà ses parents et ses grands-parents. Mais on dit que les convertis restent plus attachés à leur religion que les autres, que c’est une frime, est-ce vrai ?
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387. Ça m’ennuie déjà souvent de donner des dîners, mais s’il fallait offrir le bras à Spartacus pour aller à table … Non vraiment, ce ne serait jamais à Vercingétorix que je ferais signe comme quatorzième.
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409. En voyant Odette lui faire ainsi le signe que c’était faux, Swann comprit que c’était peut-être vrai.
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428. Les intérêts de notre vie sont si multiples qu’il n’est pas rare que dans une même circonstance les jalons d’un bonheur qui n’existe pas encore soient posés côté de l’aggravation d’un chagrin dont nous souffrons. Et sans doute cela aurait pu arriver à Swann ailleurs que chez Mme de Saint-Euverte. Qui sait même, dans le cas où, ce soir-là, il se fût trouvé ailleurs, si d’autres bonheurs, d’autres chagrins ne lui seraient pas arrivés, et qui ensuite lui eussent paru avoir été inévitables ? Mais ce qui lui semblait l’avoir été, c’était ce qui avait eu lieu, et il n’était pas loin de voir quelque chose de providentiel dans ce fait qu’il se fût décidé à aller à la soirée de Mme de Saint-Euverte, …
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429. Et avec cette muflerie intermittente qui reparaissait chez lui dès qu’il n’était plus malheureux et que baissait du même coup le niveau de sa moralité, il s’écria en lui-même : « Dire que j’ai gâché des années de ma vie que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre !
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