Dictionnaire des citations

Le Corbusier, l'Architecture

Cet ouvrage aura bientôt un siècle. On construit aujourd’hui en suivant des conseils, recommandations, suggestions émises il y a prés de cent ans avant de percer dans la tête de certains architectes ou administrations donneuses d’ordre. Et aujourd’hui, quelques fouilleurs de passé vont chercher du fascisme dans la pensée de le Corbusier. Phidias était peut-être antidémocratique. Michel Ange, un suppôt de l’obscurantisme chrétien (genre Daesh en plus cultivé). Ces quelques citations remettront un peu d’ordre dans les idées.

 

Le Corbusier

Vers une architecture

Champs Arts. (Reprise d’un ouvrage paru en 1923)   


   

 

10.  Ainsi l’architecture devient-elle le miroir des temps


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10. L’architecture actuelle s’occupe de la maison, de la mission ordinaire et courante pour hommes normaux et courants. Elle laisse tomber les palais. Voila un signe des temps.


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IV. Nous avons, nous, tirant parti des libertés immenses acquises par les techniques nouvelles, cherché à pressentir un plan nouveau. Lorsqu’une époque possède le plan d’un logis, c’est que son évolution sociale s’est fixée, et qu’un équilibre existe.


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V. A ceux qui, absorbés maintenant dans le problème dans la « machine à habiter », déclaraient : « l’architecture, c’est servir », nous avons répondu : « l’architecture, c’est émouvoir ». Et nous avons été taxés de « poète » avec dédain.


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VI. L’opinion se manifeste : décidément le monde n’est pas si avancé que nous croyons tous, la bonne « société » attend un palais et, pour elle, il n’est de vrai palais que les images enregistrées au cours d’un voyage de noces aux pays des princes, des cardinaux, des doges  ou des rois.


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XV.  « Je suis heureux pour l’Art tout court ; l’équipe française avait pour but, quand elle se mit sur les rangs, de faire échec à la barbarie. Nous appelons barbarie une certaine architecture qui fait fureur de puis quelques années, dans l’’Europe orientale et septentrionales… Elle nie toutes les belles époques de l’histoire et, de toute façon, insulte au sens commun et au bon goût. Elle a le dessous, tout est bien. » Déclaration de M.Nénot, qui a emporté la construction du Palais des Nations à Genève. Commentaire de Le Corbusier : « le Palais n’est plus une machine à travailler, c’est un mausolée représentatif. L’Académie triomphe. »


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5. L’outil est l’expression directe, immédiate du progrès ; l’outil est le collaborateur obligé ; il est le libérateur aussi. On jette aux ferrailles le vieil outil : l’escopette, la couleuvrine, le fiacre et la vieille locomotive. Ce geste est une manifestation de santé morale, de morale aussi ; on n’a pas le droit d’user de sa force, sa santé et son courage à cause d’un mauvais outil, on jette, on remplace. … La religion des maisons demeure identique depuis des siècles. La maison s’écroulera.


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6. Les ingénieurs construisent les outils de leur temps. Tout, sauf les maisons et les boudoirs pourris.


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6. Les ingénieurs sont sains et virils, actifs et utiles, moraux et joyeux. Les architectes sont désenchantés et inoccupés, hâbleurs ou moroses. C’est qu’ils n’auront bientôt plus rien à faire. Nous n’avons plus d’argent pour échafauder des souvenirs historiques. … les ingénieurs y pourvoient et ils bâtiront.


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8. Les architectes font des styles ou discutent surabondamment de structure : le client, le public ressent en vertu d’habitudes visuelles et raisonne sur les bases d’une éducation insuffisante. Notre monde extérieur s’est formidablement transformé dans son aspect et dans son utilisation par suite de la machine. Nous avons une optique nouvelle et une vie sociale nouvelle, mais nous n’y avons pas adapté la maison.


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9. Nous avons réclamé, au nom du paquebot, de l’avion et de l’auto, la santé, la logique, la hardiesse, l’harmonie, la perfection.


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9. La construction c’est pour faire tenir ; l’architecture, c’est pour émouvoir.


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15. L’architecture n’a rien à voir avec les « styles ».

Les Louis XV, XVI, XIV ou le Gothique, sont à l’architecture ce qu’est une plume sur la tête d’une femme, c’est parfois joli pas toujours et rien de plus.  


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19.  La nef seule exprime une forme simple, mais d’une géométrie complexe de seconde ordre (croisées d’ogives). C’est pour cela qu’une cathédrale n’est pas très belle et que nous y cherchons des compensations d’ordre subjectif, hors de la plastique. … la cathédrale n’est pas une œuvre plastique ; c’est un drame : la lutte contre la pesanteur, sensation d’ordre sentimental.


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19. ….. le Parthénon, le Colisée…. Sont de l’architecture.

La gare d’Orsay, le grand palais, ne sont pas de l’architecture.


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20. Voici des silos et des usines  américaines, magnifiques prémices du nouveau temps. Les ingénieurs américains écrasent de leurs calculs l’architecteur agonisante.


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25. L’architecture étant le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière , l’architecte a pour tâche de faire vivre les surfaces qui enveloppent ces volumes , sans que celles-ci , devenue des parasites, dévorent le volume et l’absorbent à leur profit ; histoire triste des temps présents.

Laisser à un volume la splendeur de sa forme sous la lumière mais d’autre part, approprier la surface à des besognes  souvent utilitaires, c’est s’obliger à trouver dans la division imposée de la surface, les accusatrices, les génératrices de la forme.


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27. Les architectes aujourd’hui n’osent pas faire le Palais Pitti ni la rue de Rivoli : ils font le boulevard Raspail.


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53. Il y a des mesures. Pour construire bien, pour bien répartir les efforts, pour la solidité et l’utilité de l’ouvrage, des mesures conditionnent le tout. Le constructeur a pris pour mesure ce qui lui était les plus faciles, le plus constant, l’outil qu’il pouvait perdre le moins : son pas, son pied, son coude, son doigt. L’homme d’aujourd’hui n’emploie rien du tout et fait le boulevard Raspail.


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73. Une maison est une machine à habiter. Bains, soleil, eau chaude, eau froide….Un fauteuil est une machine à s’asseoir…


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80. L’harmonie est dans les ouvrages, qui sortent de l’atelier ou de l’usine. Ne n’est pas de l’art, ce n’est pas la Sixtine, ou l’Erechthéion : ce sont les œuvres quotidiennes de tout  un univers qui travaille avec conscience, intelligence, précision, avec imagination, hardiesse et rigueur.


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80. la maison des terriens est l’expression d’un monde périmé à petites dimensions. Le paquebot est la première étape dans la réalisation d’un monde organisé selon l’esprit nouveau.


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85. Il est un métier, un seul, l’architecture, où le progrès n’est pas de rigueur, où la paresse règne, où l’on s’en réfère à hier. Partout ailleurs… si l’on n’avance pas on fait faillite.


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85. On peut donc affirmer que l’avion a mobilisé l’invention, l’intelligence et la hardiesse : l’imagination et la raison froide. Le même esprit a construit le Parthénon.


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86. un lieu commun chez Messieurs les architectes (les jeunes) : il faut accuser la construction.


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Un autre lieu commun chez les mêmes : quand une chose répond à un besoin, elle est belle.


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105. Si le problème de l’habitation, de l’appartement, était étudié, comme un châssis, on verrait se transformer, s’améliorer rapidement nos maisons. Si les maisons étaient construites industriellement, en série, comme des châssis, on verrait surgir rapidement des formes inattendues, mais saines, défendables, et l’esthétique se formulerait avec une précision surprenante.


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109. les premières autos furent construites et carrossées à l’ancienne. C’était contraire aux modes de déplacement et de pénétration rapide d’un corps. L’étude des lois de pénétration fixa le standard.


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123. Si l’on songe au Grec, on pense que le Romain avait un mauvais goût, le Romain-Romain, le Jules II et le Victor-Emmanuel.


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123. Rome antique s’écrasait dans les murs trop étroits : une ville n’est pas belle qui s’entasse.


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126. (les romains) avaient conquis la Grèce et, en bons barbares, ils avaient trouvé le corinthien plus beau que le dorique, parce que plus fleuri. …En somme ils construisaient des châssis superbes, mais ils dessinaient des carrosseries déplorables comme les landaus de Louis XIV.


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129. Sainte Marie de Cosmédin… proclame le faste insigne de la mathématique, la puissance imbattable de la proportion, l’éloquence moderne des rapports.  Le motif n’est qu’une basilique, c'est-à-dire une forme d’architecture avec laquelle on fait les granges, les hangars. Les murs sont du crépi de chaux. Il n’y a qu’une couleur, le blanc ; force certaine puisque c’est l’absolu.


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146. Un plan procède du dedans au dehors, car la maison ou le palais sont un organisme semblable à tout être vivant.


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148. A Pompéï : Vous êtes chez un romain. La grandeur magistrale, l’ordre, l’ampleur magnifique : vous êtes chez un Romain. A vingt siècles, sans allusions historiques, vous sentez l’architecture et tout cela est en réalité une très petite maison.


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151. L’axe est peut-être la première manifestation humaine ; il est le moyen de tout acte humain. L’enfant qui titube tend à l’axe, l’homme qui lutte dans la tempête de la vie se trace un axe. L’axe est le metteur en ordre de l’architecture.


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154. Le dehors est toujours un dedans : Votre édifice cube 100 000 mètres cubes, mais ce qui est autour cube des millions de mètres cubes …


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163. La modénature est la pierre de touche de l’architecte ; Celui-ci se révèle artiste ou simplement ingénieur. La modénature est libre de toute contrainte ; Il ne s’agit plus d’usages, ni de traditions, ni de procédés constructifs, ni d’adaptations à des besoins utilitaire.

La modénature est une pure création de l’esprit : elle appelle le plasticien.


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166. On a dressé sur l’Acropole des temples qui sont d’une seule pensée et qui ont ramassé autour d’eux le paysage désolé et l’ont assujetti à la composition.  Alors de tous les bords de l’horizon, la pensée est unique.


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169. Erechthéion. On a eu un attendrissement et on fait de l’ionique ; mais le Parthénon dictait leurs formes aux cariatides.


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170. Les exégètes poètes ont déclaré que la colonne dorique est inspirée d’un arbre qui faillit du sol, sans base etc . Preuve que toute forme d’art belle est tirée de la nature. C’est archifaux, puisque l’arbre au tronc droit est inconnu en Grèce ou ne poussent que des pins rabougris et des oliviers tordus.


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173. Ces cailloux (du Parthénon) étaient inertes dans les carrières du Pentélique, informes. Pour les grouper ainsi, il ne fallait pas être ingénieur, il fallait être un grand sculpteur.


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187. Si l’on arrache de son cœur et de son esprit les concepts immobiles de la maison et qu’on envisage la question d’un point de vue critique et objectif, on arrivera à la maison-outil, maison en série, saine (et moralement aussi) et belle de l’esthétique des outils  de travail qui accompagnent notre existence.


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189. Le programme (loi Loucheur)… est une circonstance exceptionnelle…. Circonstance qui réclame des moyens exceptionnels.

Or, tout est à faire ; rien n’est prêt pour la réalisation de ce programme immense. L’Etat d’esprit n’existe pas.

L’Etat d’esprit de construire des maisons en série, l’état d’esprit d’habiter des maisons en série, l’était d’esprit de concevoir des maisons en série.

Tout est à faire, rien n’est prêt. La spécialisation a à peine abordé le domaine de la bâtisse. Il n’y a ni usines ni techniciens de spécialisation.


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190. Maisons en béton liquide. Elles sont coulées par le haut comme on remplirait une bouteille avec du ciment liquide. La maison est construite en trois jours. Elle sort du coffrage comme une pièce de fonte. Mais on se révolte devant des procédés si désinvoltes. On ne croit pas à une maison faite en trois jours ; il faut un an et des toits pointus et des lucarnes et des chambres mansardées.


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193. et de fil en aiguille, après avoir fabriqué en usine tant de canons, d’avions, de camions, de wagons on se dit : ne pourrait-on pas fabriquer des  maisons ?


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193. la maison ne sera plus cette chose épaisse et qui prétend défier les siècles et qui est l’objet opulent par quoi se manifeste la richesse : elle sera un outil comme l’auto devient un outil….


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201. une maison pratique comme sa machine à écrire.

 

 

 

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