In Poétique de l'espace
Gallimard éditeur
1.L’acte poétique n’a pas de passé, du moins pas de passé proche le long duquel on pourrait suivre sa préparation et son avènement.
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3. Comment aussi cet événement singulier et éphémère qu’est l’apparition d’une image poétique singulière, peut-il réagir sans aucune préparation sur d’autres âmes, dans d’autres cœurs, et cela, malgré tous les barrages du sens commun, toutes les sages pensées, heureuses de leur immobilité ?
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6. Pierre-Jean Jouve écrit : « la poésie est une âme inaugurant une forme. » L’âme inaugure. Elle est ici puissance première. Elle est dignité humaine.
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8. Pour le psychanalyste, l’image poétique a toujours un contexte. En interprétant l ‘image, il la traduit dans un autre langage que le logos poétique. Jamais alors, à plus juste titre, on ne peut dire : « traduttore, traditore».
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9.Tout lecteur, un peu passionné de lecture, nourrit et refoule, par la lecture, un désir d’être écrivain.
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9. Dans son Titan, Jean-Paul Richter écrit de son héros « Il lisait les éloges des grands hommes avec autant de plaisir que s’il eût été l’objet de ces panégyriques ».
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12.Chercher des antécédents à une image, alors qu’on est dans l’existence même de l’image, c’est, pour un phénoménologue, une marque invétérée de psychologisme. Prenons, au contraire, l’image poétique en son être. La conscience poétique est si totalement absorbée par l’image qui apparaît sur le langage, au-dessus du langage, elle parle, avec l’image poétique, un langage si nouveau qu’on ne peut plus envisager utilement des corrélations entre le passé et le présent.
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12. Le psychanalyste quitte l’étude ontologique de l’image ; il creuse l’histoire d’un homme ; il voit, il montre les souffrances secrètes du poète. Il explique la fleur par l’engrais. Le phénoménologue ne va pas si loin. Pour lui, l’image est là, la parole parle, la parole du poète lui parle. Nul besoin d’avoir vécu les souffrances du poète pour prendre le bonheur de parole offert par le poète. Bonheur de parole qui domine le drame même.
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14. C. G. Jung l’a dit d’ailleurs très nettement : en suivant les habitudes de jugement de la psychanalyse « l’intérêt se détourne de l’œuvre d’art pour se perdre dans le chaos inextricable des antécédents psychologiques, et le poète devient un cas clinique, un exemple portant un numéro déterminé de la psychopathia sexualis.
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15. Le non-savoir n’est pas une ignorance mais un acte difficile de dépassement de la connaissance. C’est à ce prix qu’une œuvre est à chaque instant cette sorte de commencement pur qui fait de sa création un exercice de liberté » jean Lescure.
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15. Ainsi, le peintre contemporain ne considère plus l’image comme un substitut d’une réalité sensible. Des roses peintes par Elstir, Proust disait déjà quelles étaient une « variété nouvelle dont ce peintre, comme un ingénieux horticulteur, avait enrichi Ia famille des Roses ».
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16. Nous proposons, au contraire, de considérer l’imagination comme une puissance majeure de la nature humaine. Certes, cela n’avance en rien de dire que l’imagination est la faculté de produire des images. Mais cette tautologie a du moins l’intérêt d’arrêter les assimilations des images aux souvenirs.
L’imagination, dans ses vives actions, nous détache à la fois du passé et de la réalité. Elle ouvre sur l’avenir. Â la fonction du réel instruite par le passé, telle qu’elle est dégagée par la psychologie classique, il faut joindre une fonction de l’irréel tout aussi positive. …
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26. C‘est parce que les souvenirs des anciennes demeures sont revécus comme des rêveries que les demeures du passé sont en nous impérissables.
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26. La maison, dans la vie de l’homme, évince des contingences, elle multiplie ses conseils de continuité. Sans elle, l’homme serait un être dispersé. Elle maintient l’homme à travers les orages du ciel et les orages de la vie.
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28. On ne peut revivre les durées abolies.
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33. Il existe pour chacun de nous une maison onirique, une maison du souvenir-songe, perdue dans l’ombre d’un au-delà du passé est, disais-je, cette maison onirique, la crypte de la maison natale.
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33. Hormis quelques médailles à l’effigie de nos ancêtres, notre mémoire d’enfant ne contient que des monnaies usées. C’est sur le plan de la rêverie et non sur le plan des faits que l’enfance reste en nous vivante et poétiquement utile.
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35. La cave, est d’abord l’être obscur la maison, l’être qui participe aux puissances souterraines. Et à l’irrationalité des profondeurs.
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36. Les contes sont des peurs d’enfant qui s’accomplissent.
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37. Quelle puissance pour une simple maison d’être bâtie sur une touffe de souterrains !
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43. On sait bien que la ville est une mer bruyante, on a dit bien des fois que Paris fait entendre, au centre de la nuit, le murmure incessant du flot et des marées.
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51. ELUARD :
« Quand les cimes de notre ciel se rejoindront, Ma maison aura un toit ».
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65.Rilke
« ô nostalgie des lieux qui n’étaient point
Assez aimés à l’heure passagère
Que je voudrais leur rendre de loin
Le geste oublié, l’action supplémentaire ».
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67. Seghers :
Une maison où je vais seul en appelant
un nom que le silence et les murs me renvoient,
une étrange maison qui se tient dans ma voix
Et qu’habite le vent,
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70. George Sand dit qu’on peut classer les hommes suivant qu’ils aspirent à vivre dans une chaumière ou dans un palais.
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144. Gérard de Nerval n’a-t-il pas dit (Aurélia, p· 41) : « Je crois que l’imagination humaine n’a rien inventé qui ne soit vrai, dans ce monde ou dans les autres. »
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168. « L’espace ma toujours rendu silencieux » Jules Vallès
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168. La rêverie fuit l’objet proche et tout de suite elle est loin, ailleurs, dans l’espace de l’ailleurs.
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168. « La distance m’entraîne en son mouvant exil » Jules Supervielle
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169. L’immensité est le mouvement de l’homme immobile. L’immensité est un des caractères dynamiques de la rêverie tranquille.
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