Pascal Maitre, « de la couleur, de la couleur, et encore
Maison européenne de la photographie: Afriques
Si on ne savait pas que l’Afrique est l’univers de la couleur, du déferlement de lumières, des ombres et des éblouissements ensoleillés, il faudrait se rendre à la Maison Européenne de la Photographie et voir les photos de Pascal Maître. Il se définit lui-même comme photojournaliste et en tant que tel s’attache à rendre compte des lieux où il se trouve, qu’il a voulu visiter ou apprendre à connaître. L’Afrique est son terrain de prédilection qu’il sillonne de long en large et dont il aime montrer humeurs et couleurs.
Qu’est-ce que le photojournalisme ? Laisser l’appareil et la main qui le tient se faire happer par les circonstances, les paysages et les hommes qui les habitent ou les traversent. Abandonner au doigt qui doit appuyer sur le bouton déclencheur la tâche de déchainer la technique. Regarder celle-ci faire son boulot d’attrape-monde, la laisser récupérer les images, les enfourner dans le boitier, impressionner ou la pellicule ou la mémoire électronique, piéger l’image dans des molécules chimiques ou la transformer en 0 et 1 pour nourrir les minidisques.
Ce serait trop simple et pas beau du tout. A regarder les photos prises par Pascal Maitre ce serait même complétement stupide de considérer que le journalisme, sous sa forme photographique, n’est qu’une plaque sensible à poser devant un sujet (ou un objet) pour enregistrement. A considérer l’exposition de la Maison Européenne de la Photographie sur Pascal Maitre on en revient à cette phrase d’un photographe américain que cite Robert Adams « W. Eugene Smith … a découvert en tant que photographe de guerre qu’il regardait les corps d’abord comme éléments d’une composition »
Le travail de Pascal Maître parait bien loin d’un photojournalisme qui se contenterait de faire venir à la vue des regardeurs des choses, des situations, des êtres qu’ils n’auraient jamais eu l’occasion ou la curiosité ou le courage de voir. La photo de Pascal Maître relève tout entière de décisions et de stratégies qui lui confèrent ses aspects les plus originaux, forts, transgressifs par opposition au pur photojournalisme.
L’Afrique de Pascal Maitre, c’est un goût et un talent exceptionnel pour la couleur. Elle hurle à presque chaque instant, chatoie aussi et s’assemble en combinaisons savantes. Les photos n’auraient pas cette puissance de percussion, d’évidencement et d’incantation qui saisit le regard et ne le lâche pas sans cette extraordinaire maîtrise des couleurs, de leurs nuances et de leur complémentarités. Passer de photo en photo, c’est aller de couleurs en couleurs, de combinaisons de couleurs et d’assemblages qui se renouvellent sans cesse.
Entre cette femme absolument noire de s’être couverte d’huile usagée, ses seins enfermés dans des boîtes noires et l’image de la chambre à coucher rose, comme il pourrait y en avoir des dizaines en Floride, il n’est pas simplement question de couleurs et d’une maitrise incroyable de leur mise en scène et de leur combinaison, il est question du regard d’un artiste. Il n’est pas question seulement d’un reportage où il faut s’efforcer de porter une image, une information, au regard de ceux qui n’ont pas encore vu, il s’agit de faire émerger ce qui peut ne pas être vu et de rendre des yeux aux regardeurs afin qu’ils voient. De fait que disent pareilles photos sur l’Afrique ? Elles ne sont possibles que parce que c’est l’Afrique, elles en parlent à coup de symboles, de postures et aussi d’imaginaire.
La composition des photos montre une maîtrise du sujet et une volonté d’ordonner la vision du photographe qui l’éloigne du simple reporter « l’homme qui se fait auteur de rapport » et le font basculer vers l’artiste, « l’homme qui trouve (invente) ce qu’il faut voir ». Extraordinaire photo de capharnaüm urbain que cette photo du centre de Kinshasa où une voiture, japonaise, réinventée par de multiples ajouts ou rapetassages dont la carrosserie porte différentes couleurs comme autant de strates de sédimentation sociale, structure par sa présence, ses couleurs, sa masse même tout l’univers qui l’entoure. On pense à certains tableaux flamands qui entassent dans un espace minuscule, une foule, des rires, des gamins qui se bousculent, de lourdes paysannes qui tournoient en danses avinées, des bourgeois solennels qui passent devant des voyous qui vomissent.
Vitalité, animation exprimée avec le minimum nécessaire mais aussi tout l’excès coloré se retrouvent dans la photo de la devanture d’un dancing, lieu de rendez-vous, qui flashe dans la nuit. L’économie de moyens au service de ce qui est juste nécessaire est illustrée par deux magnifiques photos : l’une où le photographe organise l’espace entre un camion immensément chargé qui s’étale, occupant le second plan et un personnage hiératique et immuable comme une statue colonne, posé au premier plan, entre la charge qui repose sur un chameau mécanique et le poids d’une présence humaine, entre horizontalité et verticalité. Même composition remarquable dans l’économie des moyens et la simplicité de la mise en forme pour cette autre photo d’un jeune enfant étendu sur une natte, avec à sa tête une paire de bougies, allumées, et des récipients au contenu blanc crémeux.
Les exemples pourraient être multipliés, tous renverraient vers une Afrique recomposée, réinventée, renouvelée. Tous renverraient à un artiste qui fait surgir à la vue une Afrique plus sensible, plus forte, plus impressionnante que nature.
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