Nicolas de Stael
Musée d’art moderne de la ville de Paris
Magnifique exposition couvrant la plus large période de temps et montrant l’œuvre de l’artiste dans tous ses aspects, peinture, dessins, esquisses etc.
Ne serait-il pas pleinement satisfaisant de commencer une chronique sur l’œuvre de Nicolas de Staël en lui octroyant cette définition de l’art « à la française » : « rien de trop ».
Et c’est vraiment le sentiment qui subsiste lorsqu’on est passé une fois, deux fois, trois fois devant ses œuvres. On en retient cette conviction que l’artiste n’a pas cessé de toute sa vie à chercher où il faut retirer, ce qu’il faut effacer, le détail qui ne mérite pas sa place. On en vient à cette impression permanente d’austérité, de rigueur exacerbée et d’exigence incessante de simplicité.
Facile à dire, mais, il faut quand même que l’œuvre tienne debout sachant que bien souvent, ce sont les bavardages superflus ou les finesses de style qui reçoivent la mission de faire que l’œuvre est solide et signifiante. C’est ici que la magie Nicolas de Staël surgit et fait émerger, de deux ou trois coups de feutre noir ou d’un aplat de rouge qui surmonte des coups de pinceaux bleus, des formes évidentes, indiscutables.
Le nu debout et le grand nu orange sont l’illustration de la simplicité du regard et de la brièveté de l’exécution.
Il est intéressant de voir à quel point la progression de l’œuvre est régulière dans un mouvement d’abstraction et de désabstraction. Les « éléments » des œuvres abstraites, ces « faisselles » que les critiques ont assimilés aux premiers moments importants de son travail, on va les retrouver dans l’émergence de la figuration « réelle ». Le bel exemple vient des « pommes » qui sont bâties sur les briques de son travail antérieur d’abstraction.
Sur le plan technique, le poids de ces briques s’efface progressivement devant les grands coups de pinceaux fluides et étonnamment expressifs (le concert).
L’exposition montre un aspect essentiel de l’œuvre de l’artiste : ses carnets de note et le travail de dessins sur le motif. Qu’on puisse les penser comme préparatoire à de futurs tableaux ne diminue en rien la remarquable recherche de la synthèse et la concision de l’artiste. Ces croquis expriment une capacité exceptionnelle à abstraire, pour ensuite reconstruire ce qui a été vu.
Si on devait tirer une leçon de cette exposition, on devrait la trouver, justement dans ces dessins et croquis. Ils parlent de rigueur et de simplicité.
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