Manuel Alvarez Bravo, Au musée du Jeu de Paume jusqu’au 20 janvier 2013.
Remarquable exposition de photos représentatives de l’œuvre de Manuel Alvarez Bravo. Le travail de ce dernier est présenté par de nombreuses galeries. On a pu en voir, soit vintage, soit en retirage, à la dernière édition de Paris-Photo. Il est présent dans de très nombreux musées dont le Ghetty. Des photos de Manuel Bravo sont passées en vente en 2011 avec des estimations de l’ordre de 3000 à 10 000 euros. Le travail critique qui est mené autour de son œuvre traduit une « redécouverte ». les œuvres redécouvertes profitent de cotes d’amour et d’enthousiasme et donc de prix bien orientés !
Photographe Mexicain « essentiel »
Manuel Alvarez Bravo est une figure essentielle de la photo mexicaine et un très grand acteur de la vie photographique de son temps. « Le siècle avait deux ans », cette interjection célèbre s’applique deux reprises à Manuel Bravo : il est né en 1902, il est mort en 2002. Cent ans, dont l’essentiel en faisant de la photo ! Cent ans pour un grand photographe mexicain, mais aussi pour une figure de la scène artistique internationale.
Deux photos au moins font de Manuel Bravo un artiste reconnu mondialement : l’une (photographie d’un ouvrier en grève assassiné) fut prise lors d’une grève violente à laquelle il assistait par hasard. Par hasard, il était là quand un ouvrier tomba sous les balles d’une milice ou de la police. La photo du haut du corps de l’ouvrier blessé , allongé, mourant dans une mare de sang, visage tourné vers le ciel, d’un cadrage impeccable, dans un équilibre parfait d’ombre et de la lumière, deviendra une icône. A l’opposé de cette photo du monde réel, du monde qui est là sous nos yeux pourvu que nous les baissions et que nous voulions regarder, il y a cette incroyable photo surréaliste, la « bonne renommée endormie » : environnée de chardons, reposée sur un drap, à même le sol d’une terrasse, une jeune femme est allongée, offerte ou endormie. Elle est nue, sauf à mi-ventre des bandelettes qui enserrent ses cuisses tout en laissant à découvert son sexe dont le pubis noir se détache sur le blanc de ce vêtement étrange. Cette photo répondait à une commande d’André Breton…
Manuel Bravo sera cet homme de l’imaginaire, de la vision juste et impeccable, du regard réfléchi et amoureux sur le monde. Mexicain, il est aux antipodes de la photographie de tourisme ou de « découverte des merveilles du monde ». Il n’est pas passionné par les photographies « ethniques » ou de cartes postales. Il est artiste au sens fort du mot: cette âme qui sent et voit ce que personne avant lui n’avait senti, ni vu. Son exigence d’artiste le conduira à détruire ses premières œuvres : trop pictorialistes à son goût. Mexicain, il n’est pas à la recherche d’une « mexicanité » absolue. Il s’inscrit dans le sillage des grands photographes européens et américains. Il les aura pour interlocuteurs : surréalistes français et photographes américains.
Manuel Alvarez Bravo : un Photographe pur.
Une bonne partie de son œuvre est consacrée à des recherches formelles que ne renieraient pas les Hongrois de son époque. Une photo de 1936 en donne une belle illustration : Couronnes de palme 1936- met en scène des bateaux ou barques ou n’importe quoi en forme de barque- qui sont le prétexte à un jeu formel de noirs et de gris, opposant la masse de la barque massive à la légèreté des palmes, opposant le soleil et l’ombre.
On ne s’étonnera pas que pour ce Mexicain, les jeux de soleil soient un thème permanent, traité de façon surréaliste, perception formelle pure ou destinée à mettre en valeur un sourire, une jeune fille ou un enfant. Merveilleuse photo « le songe 1931 » est une méditation sur une rêverie, celle d’une jeune fille, appuyée sur la rambarde en fer forgé d’une cour intérieure ou d’un balcon… Une seule touche, un rai lumineux vient éclairer son épaule et mettre en valeur une scène tout en contrepoint de barreaux, d’angles et de murs plongés dans l’ombre. A la fin de la sa vie, des photos de 1970 montrent à quel point construction, réflexion formelle, jeux de la lumière et l’ombre sont toujours l’objet d’une attention passionnée (série des murs).
On ne devrait jamais dire qu’un auteur est tout contenu dans une œuvre ; pourtant, la photographie « le coiffeur » 1924, est une merveille tant elle est juste, forte et programmatique. C’est une fausse photo de genre ! La scène est surréaliste : un coiffeur « de rue » coiffé d’un grand chapeau est vu de dos avec son patient. Massif, il parait non pas en train de coiffer, mais d’exécuter une opération étrange et inquiétante. Son « patient » est placé face à un mur, pas de miroir comme chez les « coiffeurs classiques », il baisse la tête, comme dans un acte de soumission. La lumière vient dans cette scène jouer de l’ombre et, d’une brève illumination de la serviette qui, placée sur le cou du client, sépare la victime de son officiant ! Photo de rue ou de genre, photo surréaliste associant l’étrange au sensuel et à l’étonnement, plaisir de la recherche formelle seront les clefs de l’œuvre de Manuel Bravo.
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