La Photographie Croate
Cité internationale des Arts
Jusqu’au 27 novembre 2012
Le 8 novembre 2012
Il ne reste plus beaucoup de temps pour aller voir cette belle exposition.
La photographie Croate est inévitablement inspirée. Les influences austro-hongroises et hongroises sont très sensibles, logiquement dira-t-on, proximité géographique et rapports politiques obligent. Cette influence se ressent très fortement chez les photographes qui ont traversé le XXème siècle.
Emouvantes, les photos de l’entre-deux guerres, quand la Yougoslavie émergea d’un enfer et ne savait pas qu’elle se hâtait vers un autre, donnent à ressentir un temps suspendu. Vision pacifique de la vie, vies qui se déroulent hors de toutes catastrophes, qu’elles soient heureuses ou malheureuses, riches ou pauvres, paysannes ou urbaines.
Le charme d’une exposition « nationale » réside dans la communauté de vues et d’inspiration qu’on peut déceler. L’exposition y ajoute la dimension temporelle. La photographie croate a évolué dans le temps et suivi les grandes tendances qui ont marqué cet art. L’inconvénient de cette exposition est le pendant de son avantage : une quinzaine d’artistes sont sur les cimaises, peu de photos pour chacun d’entre eux. C’est donc une introduction à des talents, une présentation qui appelle à aller plus loin pour mieux connaître les œuvres et les artistes.
A cette aune, les commentaires qui suivent sont nécessairement limités. Ils ne portent que sur les artistes qui m’ont frappé ou dont j’ai aimé l’approche artistique.
Vision socialisante d’un Duro Janekovic. (1912-1976).Les photos présentées datent de 1932 à 1934 Réalisme à la Hongroise. Femme vue sur un rocher en contre-plongée (1934) dans la grande tradition des photos de Femme au maillot de bain, parlant d’une nature heureuse, épanouie et saine qui a pour pendant cette femme réaliste, merveilleusement rendue, élégante au chien qui s’avance, sûre d’elle-même dans une rue. « Garçon qui garde les oies » et « Petite qui ramasse la nourriture pour les animaux » 1933 sont toutes deux comme les précédentes des photos admirablement cadrées, calibrées, équilibrées. Fortes dans des registres variés où le goût pour la représentation sociale n’exclut pas celui de la forme.
Avec Toso Dabac,(1907-1970) des photos remarquables de modernité dont une en contre-jour, vibrante de mouvement « vers la guillotine », un cheval guidé par un jeune homme à pied, traversent une place inondée de lumière. Il a plu, les ombres luisent dans la lumière. Le pas du jeune homme est impérieux et accordé sur celui du cheval. Cheval de rebut conduit à l’abattoir ? Qui justifierait le titre ? Peu importe, les photos de Toso Dabac sont aussi d’une remarquables modernité. En témoignent ces parasols sur une plage qui coexistent avec une image « vériste » d’un peintre naïf Emerik Fejes, ciselée et précise à ressembler à un portrait hollandais.
Slavka pavic, fait partie de la génération suivante (1927). Elle a produit des photos d’une maîtrise impeccable. Ses recherches sur le plan formel sont abouties, les photos de e « cavaliers » dans la neige ont pour écho formel « composition 1 » magnifique jeu de lumière et d’ombre ainsi que passage, jeu de miroir et de contre-jour. A l’inverse des précédents artistes, les photos exposées montrent des vues simplifiées, vidées de toute anecdote. Quand la photographe se saisit de moments de la vie de tous les jours, elle les instrumentalise, en fait les éléments d’une construction et livre une composition presque abstraite. (Fenêtre sur cour 1951).
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