Georges Rouault
Chez Tamanega (hélas, l’exposition est finie)
18 Av. Matignon, 75008 Paris
Dommage ! je vais vous parler d’une exposition qui s’est achevée voici quelques jours.
Pour des raisons que je n’ai jamais saisies, Georges Rouault est un artiste qui m’a été très tôt très familiers. Son œuvre m’a toujours semblé très facilement accessible. Dans le même temps, on entend des critiques acerbes, un peu étonnantes. Les bonnes âmes, c’est-à-dire les connaisseurs, les vrais critiques, contemplent l’œuvre de Rouault de haut, comme quand on parle d’un peintre de province ou d’un amateur un peu doué.
J’entends encore ce « ah ! Ce peintre catho-cucu ! Toujours ces « christ » en croix, ces processions nocturnes, ces religioseries ! ou bien, pour les amateurs cultivés, on ajouterait les « lupanars » et finalement toutes les peintures quoi qu’elles fussent ».
Ce sont les mêmes qui vous raconteront une belle émotion devant une annonciation de Paolo Uccello, une vierge à l’enfant de Raphaêl etc … et de tous ces « merveilleux » primitifs italiens qui ont inondé le marché de la peinture d’images pieuses devant lesquelles même les athées les plus endurcis viennent se prosterner !!! Lire ma chronique sur Artemisia Gentileschi.
Bizarre n’est-ce pas ? La vierge à l’enfant, en milliers d’exemplaires, d’il y a 600 ans était merveilleuse, celles de ce pauvre Rouault n’est que fatigante à force de répétitions. Quant aux autres œuvres, on s’étonnera de les voir rejetées au nom de je ne sais quel « sacro-saint principe » pictural. On entendra que les peintures « réalistes », dominées par les représentations de Bordels et de prostituées, sont répétitives ou excessives et que celles qui se rapprochent trop de la technique et des couleurs des vitraux sont « franchement » un peu trop sulpicienne.
Je ne cherche pas ici à défendre Rouault, mais plutôt à attaquer les critiques d’habitude, ceux qui iront reprocher à Kiefer de se répéter et qui se pâmeront devant l’extraordinaire capacité de Monet à multiplier cathédrales, meules de foin et autres nymphéas !!!
Disons-le clairement : si d’aventure on vous annonce une exposition des œuvres de Rouault, n’hésitez pas, allez-y ! Rouault, définitivement, ne propose pas un univers joyeux et lumineux ! Rien d’austère. Tout est profond. Même les figures de clown. Sa technique est souvent lourde, usant de la matière tout autant que des couleurs, n’hésitant pas à donner le sentiment qu’il a modelé des œuvres tout autant qu’il les a peintes. Peinture au couteau plutôt qu’au pinceau. Les formats sont souvent de taille moyenne ou de petite taille. Des peintures qu’on lit ou qu’on ressent intimement.
Noter qu’un autre peintre, Manessier, est aussi victime du regard condescendant des vrais critiques…
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