Exposition au Musée d'Orsay sur les peintres suisses

Etonnant Vallotton, remarquable par sa capacité à tout simplifier et à tout raconter. Peinture où les changements de perspective abondent, contre-plongées qu’un photographe ne renierait pas, où la couleur quitte les suavités post-impressionnistes, pour ne retenir que ce qui est utile au récit quitte à forcer la tonalité ou à choisir le ton.

Or, justement, Félix Vallotton raconte beaucoup et même lorsqu’il parait que tout est calme et que rien n’est à dire, même là, sa peinture simple, claire, est loquace.

L’artiste rend compte de sujets anodins (la petite fille au ballon, la toupie, Sur la plage) qui sont dans tous les cas une réflexion approfondie sur le récit qu’entreprend un peintre, c’est-à-dire la mise en page qui tout à la fois emploie la perspective ou la pervertit, c’est-à-dire les couleurs qu’il choisira primaires et les ombres On trouve chez Vallotton des angles de vue photographiques comme on en trouvera chez Bonnard et Vuillard et comme chez ces derniers des mises en page « anecdotiques », celles qui racontent des histoires d’intérieur, des drames bourgeois qui ne sont en fait que la narration de vie sans aventure ni héros. Et ce sont des peintures oppressantes où le fait divers diffuse son insignifiance dans des espaces intérieurs surchargés et simplifiés.

Dans cette exposition, on n’a de Vallotton que quelques tableaux, intéressants, suffisants pour parler de l’artiste et de chercher plus loin. Et en particulier, se plonger dans son œuvre exceptionnelle de graveur de polémiste et de caricaturiste, où le noir et le blanc servent les polémiques et les critiques sociales.