Autour et au sujet des expositions d'Antoine d'Agata.
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- Diana Michener, le Corps cru.
et quelques remarques sur le Visible et l'Indicible.
Antoine D’Agata
Exposition Galerie «Les filles du Calvaire ».
Jusqu’au 27 avril.
La chronique que j’ai écrite, il y a peu, sur l’exposition des œuvres d’Antoine d’Agata au BAL se poursuit par celle-ci qui se tient dans la Galerie « les filles du Calvaire » sise dans la rue du même nom (éponyme comme on dit maintenant que plus personne n’étudie le grec !). Deux expositions pour un même artiste. Deux intentions radicalement différentes.
Celle du BAL se nommait « Anticorps ». Celle-là « Noia ». Avec un accent sur l’ « o ». J’aurais dû me renseigner auprès des responsables de la galerie. Pourquoi, « Noia » ? Pourquoi avec un accent sur l’ « o » ? C’est peut-être un prénom. D’une fille qui aurait été, plus qu’à son tour, photographiée par Antoine d’Agata. Ou un nom. Celui d’une petite ville de Galice où vint s’échouer une des filles de Noé, après le déluge. Ou encore, un mot italien qui signifie « ennui », « lassitude ».
A vous d’aller voir cette exposition et de me proposer une idée.
Belle exposition. Et si différente de celle du BAL. Ici, dans la galerie de la rue des Filles du Calvaire, le mode d’exposition est classique. Les œuvres ne déferlent pas. Ne viennent pas se culbuter les unes les autres, ni ne s’interpellent ou viennent se contredire, se magnifier. Elles sont là, accrochées, pour être vues, comme on voit dans un musée. Séparément. A distance les unes des autres sauf, parfois, quand elles sont rassemblées en une combinaison quasi-cinématograhique.
Par quoi commencer ? Par une critique. Qui n’en est pas une tant le travail d’Antoine d’Agata me paraît en tous points remarquable. La critique serait que, présentée comme elles le sont, les photos font « œuvres » et s’offrent aux regards comme toute œuvre. Détachement des photos de leur contexte ? Décontextualisation ? Transformation d’un témoignage vivant et agité de spasmes, éploré et avide, en œuvres d’art qui brutalement se figent. C’est cela, la perte du contexte. Ces photos ne sont-elles pas extraites ? Tirées hors du moment, du temps et des êtres. Ce sont des tirages, en grand. Ne s’agit-il pas, parfois, d’extrait d’un tirage, d’une planche-contact ? En agrandissant, sur un aspect de la photo, en écartant du superflu ou du détail, n’a-t-on pas contracté le sens, ne l’a-t-on pas réduit ? Simplifié. Rendu plus supportable. Plus visible. N’a-t-on pas éliminé l’indicible ?
Toutes questions qui tournent autour d’une esthétique qui serait venue se saisir des photos pour en faire des objets d’art, des œuvres, chacune unique, chacune différente de ses voisines dans l’exposition à force de liens coupés.
Et pourtant, ce qu’Antoine d’Agata, pose en œuvres sur les murs, ce sont des photos remarquables, exceptionnelles, de force, d’expression, d’inscription dans l’univers de l’art. C’est vrai qu’on peut lui faire le reproche d’avoir isolé les thèmes, les corps et les lieux, de les avoir rendus « accessibles ». Il est tout aussi vrai que ce qu’il révèle dans ce travail est un regard exceptionnel.
Il y a cette photo d’un visage qui se détache, chair légèrement orangée sur une nuée rouge. J’ai pensé à la passion symbolisée. J’ai aussi imaginé une auréole. Rouge. Sainte de l’enfer.
Toujours le rouge. C’est un lit. Rouge. Rouge de quoi ? Rouge mis en lumière par un corps blanc nacré. Seul. Rouge pour l’exposition ? Du corps, pour mieux le vendre ou pour aiguiser l’appétit.
Et aussi, toute une galerie de 9 photos, composée autour d’une ombre qui danse ? Se succèdent poses et suggestions d’autant plus fortes ou mystérieuses que le tout évolue dans un flou total, que les seules couleurs sont celles d’un fond brun et de ce corps blanc crème, dont les attitudes changent de photos en photos.
Même esprit pour cette série « cinématographique » de la même scène, prise en « rafale » ? Dans une succession de temps, de secondes en secondes. Un lit, des ombres nacrées, du rouge. Les couleurs comme trait commun. Tout bouge.
D’Agata peintre du brun et du noir. Qui fait émerger les corps à la lumière et fait hurler leur part d’ombre. On dit que l’art ne discute pas avec la Nature. Que par-delà les années et les siècles, par-delà les distances, les océans, les continents, la création et la vision artistiques se nourrissent des créations et des visions des autres artistes. D’Agata m’a paru joindre Rembrandt parfois et Francis Bacon souvent, extrayant de l’ombre, portant à une lumière fragile, des fantômes et des silhouettes tourmentées.
Très belles œuvres à voir, à revoir.
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