Bologne où les arcades sont souveraines. Les rues en sont plantées et les siècles n’ont pas eu raison de cette passion urbanistique. « un immeuble tu bâtiras, sur des arcades tu l’érigeras » ! Sûrement, il y a des centaines d’années, une assemblée ou un potestat ou un prince de l’Eglise décrétèrent qu’il ne pourrait y avoir de ville à Bologne sans arcade. Conséquence d’un violent coup de soleil sur une nuque aristocratique, d’une rincée en plein automne ou de coups de vents trop violents violentant une mise élégante ? On a oublié et le décret est toujours d’actualité. Les arcades sont toujours en activité, les nouveaux buildings reposent sur de nouvelles arcades et les bolognais se pressent sous leur protection, comme depuis des siècles, pour le shopping, pour la parade, pour rien si ce n’est l’envie de se promener à l’ombre en été et sans parapluie pendant les pluies de l’automne et de l’hiver.
J’aime, en été, l’ombre portée des colonnes qui rythment les pavements « mille-fleurs ». J’aime alors penser à la petite fille qui court au travers d’une place blanche sous le soleil de midi; j’aime réver aux arcades noires qui accompagnent sa course. Chirico était-il originaire de Bologne ?
Pourquoi les villes italiennes sont-elles si théâtrales ? Je me souviens de Vicenza et de sa place du marché, vide absolument, car c’était midi, en pleine canicule. Je me souviens de ce sentiment étrange non loin du théâtre inventé par Palladio. Cette place, une scène ? La scène dessinée par Palladio, une place dans la ville ? Les villes et les places, les colonnades et les façades dont les peintres de la Renaissance ont fait le cadre incontournable de leur peinture ne sont-elles pas personnages à part entière parmi les personnages, parties agissantes à la scène et non pas seulement scènes où les personnages s’agitent !
Les villes italiennes sont-elles à la source de la cité idéale ? Sabbionetta vient-elle tout droit des œuvres de Piero della Francesca et de ses confrères ? J’aime penser vaguement que la question est sans intérêt : le génie italien a recréé une vision du monde et l’a inscrite dans la pierre et la terre, comme il l’a dépeint, avec l’huile et les pigments, dans un va et vient incessant.
Bologne, renvoie sans cesse aux effets de perspectives et de fuite des génies de la Renaissance. Le temps n’a pas altéré cette exigence de la vision ni cet impératif de la construction. La perspective n’est-elle pas le symbole et le moyen par lesquels, ils ont fait redescendre l’homme sur terre. L’infini humanisé est bâti sur des lignes qui ne devraient jamais se rencontrer : L’infini des arcades et des peintres est à la fois rassurant et questionnant. L’Homme est à sa place dans le Monde. Le Monde occupe une place qui invite l’Homme à l’interroger.
La ville aux arcades s’allonge en enfilades incessantes. La perspective devient un élément obsessionnel et force le regard jusqu’à la rupture. Les lignes se rejoindront-elles un jour ? Les effets de fuite sont-ils contraints, sont-ils de pures constructions intellectuelles ou sont-ils le fruit d’un simple effet naturel. Ce qui est loin parait petit, c’est dans l’ordre des choses, et les arcades les plus proches sont nécessairement les plus grandes.
On peut échapper à ces logiques de la représentation « renaissante » en regardant Bologne autrement. En se refusant à suivre la fuite des lignes, en ne leur reconnaissant pas le droit de ne se rencontrer qu’à l’infini. Il suffit de se retourner et de voir Bologne dans le reflet des vitrages, des vitrines, des fenêtres. Alors l’impeccable géométrie de Bologne s’efface, les champs de vision mêlent leurs profondeurs, les lignes se brisent et leurs fuites deviennent déroutes. Tout se mêle et se télescope. Même le soleil noir de Chirico doit composer avec des ambiances d’aquariums.
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