Extraits de "au pays de l'eau et des dieux". 7 voyages symboliques.

Editions JFE. oct. 2012

......Le ciel est barré, strié, coupé. Le ciel n’est pas libre. Le bleu du ciel est déchiré de gris et de sombre. Le ciel est emprisonné. Des geôles ? Des grilles ? Des barreaux ? En roulant, se succèdent tous les modes d’enfermement. Le regard est fouetté d’un trait noir. Tendu en travers de la rue, il coupe l’air en deux. Est-ce un trait ? N’est-ce pas une blessure nette au scalpel, une déchirure sans remord dans le bleu du ciel ? Un peu plus loin, la ligne fine et charbonneuse se dédouble. Il se crée une partition sinistre dont les notes seraient des nœuds noirs, posés ici et là, pour une musique criarde. La rue même se livre emprisonnée, enserrée dans des liens multiples.

Lianes noires d’encre. Cordages aux nœuds complexes qui paraissent retenir les maisons. Cheveux de sorcières ? Sûrement, à les voir si grinçants, emmêlés en bobines sulfureuses. A l’origine de cet écheveau, des rouets étranges d’où sortent les fils faits de fer, de goudrons et de poussières mêlés. Les pelotes en désordre dessinent des essaims, des toiles avec leurs araignées patientes, des proies vidées de leur substance, des cadavres noircis, brûlés peut-être et changés en squelettes sombres.

Tous ces fils électriques qui pendent et suspendent, qui se mêlent et se lancent au travers d’une rue, qui définissent un carrefour et le délimitent, menaçants. Aux quatre coins, encadrant strictement le croisement des rues, de lourds cocons couleur de suie d’où quelques larves noires ont déjà émergé et lancent comme des antennes barbelées à la poursuite des rues...