Pour regarder les photos qui suivent, un truc, en cliquant sur l'image, elle apparait en très grand... ça c'est quelque chose qu'il ne faut pas rater. Un peu comme si on entrait dans la photo. (attention, il faut aussi en sortir!!!!)
Bretagne, Photo
Ou… photo de Bretagne, ou la Bretagne en photo, ou mes photos en Bretagne, ou des photos en Bretagne…
Pas net tout ça. Et d’abord pourquoi photographier la Bretagne ou plutôt justement pas la Bretagne mais ce coin de Bretagne et justement pas un coin de Bretagne mais un morceau de côte parcouru à pied sur trois kilomètres un jour et puis un autre et puis un troisième et toujours les mêmes paysages et photographier toujours les mêmes choses?
Pourquoi photographier ?
Pourquoi photographier les mêmes choses… et puis à la fin pourquoi photographier des choses qui ne ressemblent à rien ou des paysages de mer qui ressemblent à des paysages de mer en Bretagne ou ailleurs?
C’est intéressant cette question! Les photographies n’ont pas été prises n’importe comment. Je me suis arrêté. J’ai cadré. C’est-à-dire que j’ai choisi ce que je voulais photographier. Choisi ? Pourquoi avoir choisi telle ou telle chose ou vue, ou perspective, ou rocher, ou écume, traces de pas, sable, lande, pourquoi les avoir cadrés ?
Pour faire de belles photos ?
Allons, c’est mal parti cette histoire! Il faut revenir au début. Ou plutôt, repartir d’avant le début de ces mots-ci.
Je suis en Bretagne ; je suis comme un coq en pâte, en Bretagne entre Noêl et le jour de l’An. Tout est bien. Absolument bien. Je n’ai pas de vague dans l’âme bien que je ne sois pas loin de la plage (kolossal finesse!). Je pars faire ma balade pour le bien-être de mon corps et partant de mon esprit « ...in corpore sano ». Six kilomètres en trois sessions journalières. Trois allers et retour. Objectif pour chacune : une heure. On le temps de penser à n’importe quoi et de laisser traîner son regard, de caresser d’une pensée légère les sables qu’on longe, les levers de soleil, les rochers aussi et la mer ("toujours recommencée" comme dit le poète ou "qu’on voit danser" comme dit le chanteur). La mer et le soleil et la ligne d’horizon, surtout la ligne d’horizon, celle-là qui fait qu’il y a plusieurs bleus quand on regarde au loin à partir de la grève.
Pas vraiment d’envie de photographier. Franchement, pourquoi photographier ? Tout le monde a photographié son petit bout de plage, ses morceaux de rochers et les différents bleus de la mer et du ciel et de la ligne d’horizon. Tout le monde a fait des photos de tout ça en Bretagne ou ailleurs. La France ne manque pas de côtes. Pourquoi ajouter des photos à d’autres photos. En plus, je n’ai comme matériel que le smartphone de service, l’appareil à téléphoner qui peut ouvrir les boîtes de conserve. Donc rien de « pro ». Pas de « matos » comme les gars y disent quand ils parlent de leur caméra, des objectifs, des pieds qu’il faut pour stabiliser l’appareil, des filtres, des boutons automatiques pour faire des selfies, des flash pour le dedans, des flash pour le dehors… je ne suis pas du tout équipé pour faire de belles photos, de celles qui épateront les copains quand je leur montrerai (dis-donc, t’es pas un peu impressionniste toi… je dis ça parce que tu vois, tes photos, quand même… un peu … tu vois…. Chaipa comment dire mais, bon, tu vois….)
Pas envie de photographier mais quand même, là, il y a une lumière qui pourrait bien chatouiller la rétine ; si on savait la récupérer avec la couleur qu’elle fabrique ce serait pas mal. Je stoppe ma marche le temps nécessaire à bien viser la lumière, que c’est pas facile, passequ’elle bouge cette conne de lumière. Bon, eh bien, ça y est, elle est dans la boîte, avec les couleurs. Et si ça me plait pas, on pourra toujours bidouiller le tout avec un bon petit photoshop.
Et un peu plus loin, ça recommence. C’est pour qui ces photos ? Je ne sais pas en fait. Pour moi ? Pour montrer. Pour épater. « Dis-donc, tu serais pas un peu cubiste… passe que ta photo, là, franchement…chaipa... mais quand même...cé pa loin ». Il y a quelqu’un qui a dit qu’on n’écrit jamais que pour être lu. Alors on pourrait dire qu’on ne prend de photographies que pour être regardé. La photo ce serait selfie partout avec ou sans ta tête! Comme la peinture, les selfies de Rembrandt et puis le David de Michel Ange (lui-même un peu idéalisé). C’est pour ça que ça recommence et que je cadre comme un furieux. Il ne s’agirait pas de décevoir le public. Ceux dont j’ai besoin parce que s’ils n’étaient pas là, je ne photographierais pas ? Si y avait personne pour mater peindrait-on? (c'est de regarder la ligne d'horizon qui fait venir les grandes idées).
Donc, en fait, je photographie pour montrer aux autres ce que j’ai photographié. C’est pour ça que je cadre et que je choisis ce que je veux montrer. Je ne veux pas montrer n’importe quoi, je veux que les gens qui vont voir se rendent compte qu’il y a quelque chose, là, qui point, qui saisit, qui en impose et ce quelque chose c’est moi qui l’ai fabriqué, voulu, pensé pour eux qui vont regarder.
Du coup, je photographie des trucs qui ne parlent pas nécessairement de la Bretagne, de ses bateaux marins et des chapeaux ronds, des coiffes en dentelles, la Bretagne des petites maisons aux murs blancs à volets bleus, des rouleaux et de l’écume, des plages et des petits enfants qui font des petits châteaux et qui les regardent s’affaisser au rythme de la marée qui monte. Au fait, si je suis en Bretagne et si je ne prends pas tous ces trucs bretons en photos, qu’est-ce que je photographie?
Il suffit de regarder ! Des rapports entre l’eau et le sable, des curiosités de bord d'eau où des pas se dirigent nulle part, des lignes lointaines qui coupent les photos en deux, des masses noires qui sont posées là pour faire des rochers, des lumières qui éclaboussent, d’autres qui noircissent le paysage et dans le lointain, je photographie un bateau qui passe et qu’on ne voit pas vraiment parce qu’un smartphone ce n’est pas un appareil photo.
On va me dire :" ce que t'as photographié, franchement, tu aurais pu le faire n’importe où, et pas nécessairement en Bretagne". Oui, peut-être ? Note que cette remarque elle n’a aucun intérêt : mes photos ce sont des photos tout court. Je m’en fiche qu’elles soient bretonnes ! J’ai pris des photos. C’est ça qui vaut. Pas le reste. J’ai été pris par le désir de faire des photos. Heureusement que j’avais un outil pour çà, même un outil de mauvaise qualité. J’aurais été autrefois, j’aurais posé mon derrière sur un muret ou sur le sable, ou sur la bruyère dans la lande et j’aurais sorti mon carnet à dessin et j’aurais dessiné. On m’aurait dit « dis-donc, c’est pas mal ce que tu fais là, on dirait du Turner, en moins tourmenté remarque, mais presque… à cause du soleil peut-être… ». On m'aurait dit aussi qu'il y a des vues de montagne là-dedans. Et on se serait bien moqué de moi parce que j'ai toujours été un peu désordre!!!
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