Pascal Ordonneau et la Galerie BOA
Présentent
Henri-Yves Cazin
Travailleuses et travailleurs
Photographies 1967-2017
Exposition
11, rue d'Artois, 75008 Paris
1er mars au 31 mars 2018
Vernissage
7 mars à partir de 18h
en présence de l'artiste
Chères toutes, chers tous,
Henri-Yves Cazin est un vrai photographe de Paris. Cazin ce sont des milliers de photos de Paris et des gens de Paris. Noir et blanc. Pris parfois à la volée.
Des faces hilares ou ridées comme des pommes.« P’tit Claude » à la trogne de parigot, sceptique, rigolard. Et Marie-Thérèse qui attend devant sa boutique de remaillage. Elle va disparaître, la faute aux collants.
Comme vont disparaître les restes des bâtisses branlantes des fortifs. On finit le périphérique. Henri-Yves Cazin est là, témoin attristé de la mort des petits ateliers. Un vieux monsieur à béret erre dans une cour ravagée.
Une magnifique exposition, à voir absolument.
PASCAL ORDONNEAU
41 rue Cardinet
75017 PARIS
0608543473
Site de P.Ordonneau
https://www.pascalordonneau.com/
Un ami qu’on rencontre, comme ça, par hasard. Et on parle. De photos, de documentaires, de l’art qui se fait, des Français qui ne sont pas foutus de soutenir leurs propres artistes et qui préfèrent acheter à l’extérieur. Et les artistes français qui ont l’impression d’être abandonnés. On parle, et puis il me dit, « tiens, puisque les artistes français auxquels on ne pense pas vous intéresse, j’en ai un, il vous intéressera, en plus il est sympathique, mieux, il ne se prend pas la tête, ce n’est pas Helmut Newton, ce n’est pas Depardon non plus, mais… allez! ça ne sert à rien de discuter, il faut voir, je vous envoie de petits opuscules qu’il a fabriqués lui-même, vous verrez ! ».
On se sépare. Je n’aurai évidemment pas les « opuscules ». C’est toujours comme ça. On se croise. On se promet des tas de choses. Et la vie reprend le dessus. Chacun va de son côté.
Eh bien, ce n’est pas ça qui se passe! Mon ami a pensé à m’envoyer l’opuscule. Mieux, il en a envoyé trois. Et il avait raison de me parler avec chaleur et amitié de ce photographe que je ne connaissais pas: Henri-Yves Cazin.
Les opuscules étaient splendides, par honnêteté intellectuelle, il faut dire que je suis parisien de naissance, de vie, de conviction et de famille. Or, les photos de Henri-Yves Cazin (HYC) sont, pour l’essentiel, des photos de Paris. Il y a bien des photos de Montreuil, des photos de Saint-Ouen… mais c’est quand même un peu Paris ces banlieues-là, comme Neuilly ou Levallois. Si Haussmann revenait, il n’hésiterait pas, il annexerait. Donc ce sont des photos de Paris.
Il n’est pas le seul photographe de Paris! On en connait d’autres et des grands. Avant tout le monde, il y a Atget. Mais c’est un Paris bizarre. Il n’y a personne. Il y a ceux de l’entre-deux guerres, les Tchèques, les Hongrois, les Polonais qui débarquaient à Paris et qui en tombaient amoureux à ce point qu’ils la photographiaient dans tous les sens. Après-guerre, on a les amerloques qui draguent à Pigalle et les Suédois et aussi les Français…
HYC, lui aussi, photographiait Paris à fond la caisse dans les années 60-80. Il n’a pas toujours pu prendre toutes les photos qu’il aurait voulues. Il fallait vivre. Gagner son pain et son bifteck. Mais ce qu’il a pris a été bien pris. Comment résumer des milliers de photos? C’est simple! "Paris", "les gens à Paris ", "les gens". Noir et blanc. Pris parfois à la volée. Parfois, il s’est installé et a pris une photo comme on doit faire quand on est sérieux.
Souvent, il a volé des images. Des faces hilares et aussi des faces ridées comme de vieilles pommes. Un peu de misère (mais dans les années 70, la misère à Paris a encore ce charme qui faisait vibrer les Américains). Tout un opuscule, justement nommé « Travailleurs, travailleuses » fourmille de notations, de tableaux de la rue, de scènes drôles et aussi de scènes très graves. « P’tit Claude » à la trogne de parigot, sceptique (on m’la fait pas à moi), rigolard et bosseur. Le rémouleur qui traîne ses instruments au beau milieu des rues sans risquer sa vie. Et les marchandes de quatre saisons. Et les ateliers où on bossait sans trop se soucier de l’environnement. Parmi toutes ces photos de «travailleurs, travailleuses», l’une a saisi un homme cravaté, jeune, moustache et cheveux brossés, est très sérieux. Il n'est pas venu pour gueuler ou casser: il participe à une belle manifestation pour une grande chose, le travail, un 1er Mai. L'autre photo, c'est Marie-Thérèse qui attend devant sa boutique de remmaillage. Elle va disparaître avec les collants. Elle ne le sait pas encore.
Comme vont disparaître les restes de ces bâtisses branlantes des fortifs. On finit le périphérique. Levallois, Asnières, Clichy vont bientôt être boutées hors de la capitale enfin ceinturée d’une tranchée protectrice. Qu’ils y reviennent les Prussiens, on les attend ! HYC est là, témoin attristé de la mort des petits ateliers. Les réparateurs de bagnoles, les carrossiers, les mécaniciens pour vieilles guimbardes, tout ça va être cassé, pilonné, détruit, envoyé à la décharge. HYC, essaie de saisir ce qui n’est pas encore totalement démoli. Il montre des poutrelles comme des ossatures. On a enlevé la viande dans ces abattoirs à vieilles maisons. Chaises pour enfants, fils électriques qui tissent des toiles dans le ciel, un vieux monsieur à béret qui erre dans une cour ravagée, escaliers qui continuent de monter alors qu’ils ont perdu leurs paliers.
Et Saint-Ouen ! Quand le marché étalait ses puces. Des trognes, des savates déglinguées, des cartons qui débordent de n’importe quoi… On ne sait plus, aujourd’hui, dans notre monde de 0 et de 1, qu’il y avait des choses, des objets qu’on pouvait saisir de ses doigts, soupeser, gratter et essayer. Les photos de Saint-Ouen, ce sont des morceaux de vie où la vie s’accroche, se déglingue et parfois rampe. Une vieille femme sourit à la cantonade. Trois types s'efforcent d’être debout. Un déballage de chaussures les offre sous toutes les formes: un seul point commun, elles ont été portées par des centaines de pieds.
J’aimerais continuer avec les photos de Pigalle, de fêtes à Paris, de promenades… toujours de belles photos. J’aimerais par dessus tout que HYC, parvienne jusqu’au regard de regardeurs français. J’aimerais, quand on a la chance d’avoir des Vivian Maier sous la main, qu'on s’abstienne d’aller les chercher à 6000 kilomètres.
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