Martenchon s’en revenait d’une manifestation
« spéciale ». Il avait participé à une action pour une ZAD.
Martenchon, on le sait pour avoir suivi ses
« aventures » depuis quelques années n’a jamais été un révolutionnaire. Pour dire le vrai, Martenchon ne s’est jamais senti à l’aise au sein de la foule
qu’elle soit en délire, en folie, ou simplement compassionnelle.
Alors, donc, comment se faisait-il que
Martenchon, sifflotant gaiement, s’en revenait d’une ZAD ?
C’est là, la question que lui asséna son ami et
complice Mélinez.
Mélanchon s’expliqua ainsi :
"Ce n’est pas par goût des manifestations que je
suis allé me frotter à celle dont je reviens. Je ne me suis pas retrouvé au milieu des pétarades, destructions d’abribus et autres explosions de façades qui se
multiplient d’autant plus facilement qu’il y a foule avec ce que cela comporte d’abrutissement et d’indifférence aux autres. Au contraire : nous n’étions
pas plus d’une dizaine. Nous n’avons rien crié. A raison car il n’y avait personne pour nous écouter. Non, pas de hurlements, pas de chansons idiotes, pas de
banderolles, encore moins de jets de pavés. Rien de provocant ni de menaçant. Nous nous sommes contentés de nous asseoir sur les rails d’un TGV et
d’attendre".
Mélinez explosa de rire : « Tu as participé à une séance de frissons de la mort ? »
Martenchon ne s’émut pas de cette pique :
« Auparavant nous avions installé des
obstacles sur la voie, des branches d’arbres, des feuilles de pin, des fleurs aussi. Nous avions prévenu la SNCF pour leur dire qu’on allait tout bloquer. De fait,
quand le TGV est arrivé à notre hauteur, il avait notablement réduit sa vitesse. Il a pu stopper sans faire de dégats et nous avons pu monter à bord pour prendre
le conducteur en otage.
Mélinez s’indigna : « Vous avez brutalisé, ce malheureux… »
Martenchon bloqua ces réflexions agressives " Mais non! Nous lui avons offert une tarte au pomme arrosée de cidre et des jouets pour ses
enfants. Au bout d’un quart d’heure, nous l’avons libéré officiellement. Notre action achevée et réussie, nous avons levé le camp et sommes tous rentrés à la
maison ".
Mélinez abasourdi lança « Quel est le sens de cette plaisanterie idiote? à quoi sert-il de bloquer un TGV avec une petite bande de
copains? Pourquoi ne pas attaquer une banque, en rigolant avec des pistolets en plastique et des couteaux du même acabit… »
Martenchon l’interrompit sévèrement : « Cela suffit, Mélinez, tu n’as pas compris. Ce que nous voulions montrer est pourtant simple :
on peut, avec quelques amis déterminés, bloquer n’importe quel axe de communication. On peut, bloquer aussi des raffineries, des centrales nucléaires et même des
aéroports… »
Mélinez, l’interrompit « Et la police? Qu’est-ce qu’elle fait ? Elle vous regarde en riant ? ».
Martenchon se fit docte : « La police n’a pas le temps d’intervenir. Quand elle arrive, on est déjà reparti. Ce sont des actions
« flash » et pas des grosses machines avec drapeaux et banderolles. Le tout, c’est qu’il y ait des journalistes. Ils prennent des photos. Ils montrent
que le TGV ne sera pas à l’heure et voilà le travail ».
Et l’air inspiré, Martenchon conclut : « Nous nous appuyons
sur la théorie de l’action des petits groupes. Elle se nomme « Parva sed apta », en français « Petit mais efficace ».
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