Mélinez ne put
s’empêcher de sursauter à la lecture de nouvelles dont les conséquences ne pourraient pas ne pas être dramatiques : aux Etats-Unis, bientôt, Amazon ne pourra
plus trouver les ressources humaines nécessaires pour sa croissance.
Martenchon, toujours pratique, s’est exclamé : « C’est très grave ! Il est bien connu que lorsque les Etats-Unis toussent l’Europe
s’enrhume ! »
Mélinez ne se fit pas optimiste sur le plan de l’Europe. « Je ne dirais pas que le cas d’Amazon en France me soucie trop, mais il y a un vrai problème de
ressources humaines dans notre beau pays ».
Martenchon, réaliste, et à la limite du cynisme économique, rétorqua vertement, qu’en France où il y a beaucoup de chômage, il suffirait de mettre les chômeurs au
boulot. Il ne s’étendit pas sur les moyens. Cependant, le ton employé ne laissait pas beaucoup de marges de pensée !
Mélinez, qui s’était informé, ne laissa pas passer une pensée aussi simpliste : « Certes, tu as raison sur le plan des quantités, reste qu’il y a un vrai
problème de qualité ! il se nomme "compétence" et il a pour "cause formation" ».
Il continua « Songe que dans le monde et en France en particulier, le nombre d’avions de ligne ne cesse d’augmenter. En 2038 : il y aura près de
50 000 avions en vol qui nécessiteront 550 000 nouveaux pilotes. Ce n’est pas le chômeur de base qui fera l’affaire !!! »
Martenchon nerveusement : « Il n’y a pas que les avions, on peut prendre cars, bus, camions… »
Mélinez ne le laissa pas poursuivre : « Stop ! Tu mets le doigt sur un grave problème : il manque en France 50 000 chauffeurs routiers et plus
de 400 000 dans toute l’Europe ».
Martenchon, énervé, s’exclama que si on ne trouvait pas de conducteurs de camions, bus ou car, et que si les pilotes d’avions faisaient défaut, on n’avait qu’à
rester sur place.
Mélinez, cherchant à calmer le ton de la conversation, confirma qu’en vérité, les déplacements touristiques avaient pris de telles proportions que même les Corses
étaient en passe d’imaginer un numérus clausus pour les vacanciers.
Martenchon, amer, lâcha : « En fait de vacances, de loisirs et de détente, l’industrie du tourisme vient d’annoncer qu’elle manquait de bras par
milliers. Et on ne parle pas de la restauration, lente ou rapide. Rien qu’en Vendée, on dit qu’il manque, 1.200 cuisiniers et 2.300 serveurs !
Mélinez, en remit une couche : « A Paris, les taxis vont manquer par milliers pendant la coupe du monde de rugby et les jeux
olympiques… »
Martenchon, fort en colère, s’écria « On devrait rationner les déplacements ! A quoi servent tous ces voyages à une époque où on peut rester chez soi pour
travailler et s’amuser ! Aller à Venise en masses de vacanciers comme cela se passe aujourd’hui, c’est provoquer un affaissement de cette ville de rêve. Il
suffit de créer un metaver de Venise….
Mélinez, gronda sombrement: « Il n’y aurait pas assez de gestionnaire de multiver »
Martenchon comprit à cet instant que l’idée même de former tout le monde était vaine : on ne trouvera jamais assez de formateurs.
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