Martenchon déboula dans le salon commun des deux amis. Il était furieux, vitupérant les criminels et tous ceux qui les protègent. Protestant contre l’hypocrisie des sociétés repus, celles qui ne veulent pas qu’on leur montre les réalités qui dérangent.

Mélinez, ironique lança : « Je crains encore une diatribe contre le floutage de l’information et la protection des criminels »

Martenchon glaçant (comme disent les journalistes) : « S’il n’y avait que ça ! »
Mélinez, ironique encore voire un brin cynique : « Il y a pire ? ».

Martenchon, froid comme la banquise : « Bien pire »
Mélinez se fit empathique : « Je t’écoute »

Martenchon se fit docte : « Quand un haut fonctionnaire autorise le départ d’un train transportant des juifs vers une destination douteuse, est-il normal qu’on le lui reproche ? »
Mélinez répliqua d’un bref commentaire « Certes ! les droits de l’Humanité passent avant toutes choses ! »

Martenchon continua « Quand le document autorisant le départ, a été remis au conducteur de train, est-il obligatoire que ce dernier s’exécute sachant que, de toute évidence, ce ne peut être une promenade de tourisme : on ne transporte pas les touristes dans des wagons à bestiaux ? »
Mélinez proposa « le principe de précaution eût dû lui imposer la prudence. Sa mission de conducteur de train ne peut pas être contraire aux droits de l’humanité ».

Martenchon complèta « Et pourtant, il démarre son train, bourré de juifs, femmes et enfants, installés dans des wagons à bestiaux ».
Mélinez tempéra : « Mais ce brave homme ne faisait qu’obéir aux ordres ! ».

Martenchon sec « Si on lui avait donné une mitrailleuse au lieu d’un train, si on lui avait donné un ordre de tirer, s’il avait obéi aux ordres, aurait-il été juste qu’on le lui reprochât ? »
Mélinez «Quand les trains, les métros et les bus seront autonomes, voilà une question qui n’aura plus lieu d’être »