Mélinez et Martenchon dans le métavers

La catastrophe

la catastrophe

6ème livraison

 

Lors de la précédente livraison (la 5ème) on avait assisté à l’épouvante qui avait saisi Mélinez et l’avait conduit à se précipiter dans leur studio commun pour sauver Martenchon d’un désastre annoncé.

 

Annoncé ? comment ? Par qui ? Vous vous souvenez que Mélinez avait été frappé par les grands titres d’un journal quotidien diffusé essentiellement à Paris. Il était question du métavers. Il s’agissait ni plus ni moins que de la décision prise par le leader de ce nouveau business : Méta.

 

Méta, autrefois se nommait Facebook et était dirigé par un des business-men-gourou du monde moderne, Mark Zuckerberg. L’homme avait réussi quelques beaux coups. Il avait lancé un site de rencontres et de messagerie en tous genres, nommé Facebook et avait séduit au moins 2 milliards de membres sur toute la planète. Il avait aussi créé des applications what’s app, tik tok, youtube etc etc… tout un monde de contacts, d’échanges, d’images et de sons qui allait de réussites en réussites et accumulaient des montagnes de dollars.

 

Tout un monde…. Une réussite si globale que Mark, avait même cherché à créer une monnaie mondiale, la Libra. Cette dernière initiative avait montré une limite à son pouvoir créatif : elle avait été un vrai flop. C’est alors, pour redresser son ambition universaliste qu’il avait décidé de foncer dans le business du métavers. Il avait cru à cette ouverture nouvelle, dite web.3 au point qu’il avait décidé de changer le nom de son groupe, effaçant « Facebook », remplacé par Meta.

 

Mais voilà que le monde numérique change à toute vitesse. Voilà que l’IA a pris une ampleur qui a surpris même les plus chevronnés. Et voilà, qu’en moins de trois mois l’irruption de nouveaux prestataires dans le monde numérique de l’intelligence artificielle avaient tout balayé sur leur passage et rendus obsolètes des idées qui avaient à peine d’une année d’ancienneté.

 

Alors, Mark, devant pareille envolée de ces nouveaux services, devant les risques de se voir ringardisé, constatant que le public n’était pas au rendez-vous de ses dernières initiatives a décidé de changer radicalement les objectifs de Meta : plutôt que d’investir des dizaines de milliards de dollars dans le métavers, il les avait transférés à des recherches sur l’Intelligence artificielle. Simultanément, il avait renvoyé des milliers de collaborateurs et fermé quelques sites de Métavers.

C’est ainsi que la catastrophe était tombée sur la tête du malheureux Martenchon qui, lui, à l’opposé de son ami Mélinez avait décidé de rester dans le métavers Paris pour profiter des applications sympathiques et stimulantes qu’il offrait.

 

Dans un hurlement provoqué par l’horreur de ce qui semblait s’abattre sur lui, Martenchon arrivait à peine à dire des choses audibles et compréhensibles. Martenchon pouvait cependant capter que son ami (son avatar en réalité) s’était installé à une bonne table d’un cabaret où d’accortes animatrices, (des avatars bien sûr), se livraient à des effeuillages à la demande : contre 1/1000 de bitcoin tu enléves ton pull (un NFT, pour être précis) et puis ainsi de suite jusqu’à ce qu’on ne voit plus que  l’avatar choisi par l’accorte animatrice dans le plus simple appareil de la Vénus de milo ). Or, tout à coup, celle qui, devant lui, venait de retirer une petite culotte grecque (un NFT en rayon sur les meilleurs sites), se mit à gigoter dans tous les sens, perdant ici un doigt, là son nez et se dissolvant lentement.

 

En le voyant crier et remuer frénétiquement sur son fauteuil, Mélinez, comprit que le pire était en train de s’accomplir. Mark Z avait débranché certains des serveurs utilisés dans son métavers (pas tous en même temps car il fallait entreprendre quelques manipulations pour basculer le matériel vers les futurs sites d’intelligence artificielle). Des morceaux de sites se voyaient donc déposséder des ressources nécessaires à leurs apparitions. Martenchon s’était enfui du cabaret dont les murs commençaient à s’effacer pour se retrouver dans ce qui avait été une magnifique avenue, illuminée et animée. Des morceaux d’avatars couraient dans tous les sens ; ils perdaient leurs vêtements (les NFT casquettes, vestes et autres n’étaient plus soutenus par les serveurs). Ici et là, ce qui avait été un magnifique immeuble était décomposé et ne montrait plus qu’un squelette métallique.

 

Mélinez, était sidéré devant le spectacle effrayant de son ami, en proie, à l’incompréhension mais surtout à une peur panique provoquée par l’effacement de certaines portions de paysage et de rues, devant la disparition brutale d’avatars comme effacés par l’arrét des certains serveurs. (un serveur chinois ayant été complètement mis en sommeil, tous les avatars qu’il soutenait, s’étaient allongés sur le sol, inertes et comme endormis). Il semblait bien aussi à Mélinez que son ami, était terrorisé par l’anéantissment des règles de bonne conduite les plus primaires. Des avatars fuyaient des restaurants sans payer leurs repas poursuivis par des avatars de serveurs qui les uns après les autres disparaissaient avalés dans la soupe primitive informatique des 0 et des 1.

 

Il fallait faire quelque chose : rien ne disait à Mélinez que l’avatar de Martenchon n’allait pas, sous peu, lui aussi disparaître faute de serveur. Il craignait cependant une action trop hâtive, qui, aurait des conséquences imprévues et irrémédiables. Finalement, entendant dans un râle, une sorte d’appel au secours de Martenchon, il prit la décision de tout débrancher. Aussitôt, les diodes marquant d’une lumière verte le bon fonctionnement du masque Oculus, s’éteignirent. Les gants haptiques se détendirent et devinrent inertes. La machinerie métavers ne produisit plus rien que quelques cliquetis, comme toute machinerie qui s’installe dans une mise en sommeil.

On n’entendait plus rien. Martenchon était maintenant affalé, comme un pantin qui aurait été privé de la pile qui l’animait. Procédant avec d’infinier précautions, Mélinez retira le masque, puis les gants. Martenchon ne bougeait toujours pas. Mélinez en se penchant sur le visage de son ami reconnut qu’il respirait lentement et paisiblement. Il tâta le pouls de la main gauche débarassée de son gant : le rythme cardiaque était normal. Pourtant Martenchon restait, immuable dans son fauteuil, les yeux fermés.

 

Alors, Mélinez se décida aux grands moyens : il flanqua une belle claque à son ami qui, vigoureusement stimulé, se réveilla et, au grand soulagement de Martenchon, lança dans un soupir : « j’ai eu chaud ».

 

 

Nous retrouverons nos deux amis lors que la 7 ème livraison 


 Comprendre le Métavers en 20 questions

 

 

 

 

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